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Il était borné, d’un côté par la Scarpe qui, d’Arras, passe à Biache-Saint-Vaast, à Douai, près de Lalaing, à Anchin, à Marchiennes, à Saint-Amand, puis va se jeter dans l’Escaut à Mortagne[1] ; d’un autre côté par la Sensée qui, après avoir baigné Étaing[2], faisant déjà partie de l’Ostrevant, arrive dans les étangs de Lécluse, passe ensuite devant Arleux et se perd dans l’Escaut sous les murs de Bouchain. À partir de cette ville, c’est l’Escaut qui, jusqu’à sa jonction avec la Scarpe, forme les limites de l’Ostrevant[3].

De prime abord, ce pays paraît bien délimité et il semblerait qu’aucune contestation ne pût surgir au sujet des droits, tant du roi de France que du comte de Hainaut ou des autres princes dont les possessions étaient sur les rives opposées des cours d’eau qui enserraient l’Ostrevant[4]. Mais, d’un côté, l’enchevêtrement des justices seigneuriales et ecclésiastiques au moyen âge ; d’un autre côté, la situation de certaines villes à cheval sur les rivières formant les limites du pays, furent souvent la cause de contestations entre la France et l’Empire ou ses vassaux. Ainsi, la situation de la seigneurie de Mortagne et celle de la ville de Valenciennes feront comprendre facilement comment les conflits purent surgir.

La seigneurie de Mortagne, à cheval sur l’Escaut et sur la Scarpe, relevait de trois pays et de trois diocèses[5]. La rive gauche de la Scarpe se trouvait dans cette région en Tournaisis et ressortissait au diocèse de Tournai ; la rive droite de l’Escaut était dans le Hainaut et le diocèse de Cambrai, et entre les deux cours d’eau se glissait l’Ostrevant qui relevait du diocèse d’Arras. Les différentes parties de cette petite seigneurie se trouvaient donc en Hainaut, en Ostrevant et en Tournaisis, par conséquent dans l’Empire et dans le royaume de France.

  1. Et non à Antoing, comme le dit le mémoire.
  2. Étaing, Pas-de-Calais, arr. d’Arras, cant. de Vitry-en-Artois.
  3. Le souvenir de l’Ostrevant a subsisté et subsiste encore dans les surnoms de plusieurs communes des départements du Nord et du Pas-de-Calais. On peut relever dans le Dictionnaire des postes : Sailly en Ostrevant, Marcq en Ostrevant, Montigny en ostrevant, et y ajouter, d’après Cassini : Marquette en Ostrevant, Masny en Ostrevant et Erre en Ostrevant.
  4. L’Ostrevant confinait au Cambrésis par le sud, à la Flandre par le nord, au Hainaut par l’est, à l’Artois par l’ouest (Le Glay, op. cit., p. 533).
  5. A. D’Herbomez, Un épisode du règne de Philippe le Bel : l’annexion de Mortagne à la France en 1314, dans Revue des Questions historiques, t. LIII, p. 27.