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diplomatique se soit le moins du monde éteint et que j’aie jamais négligé une occasion d’augmenter mon recueil d’actes de Henri II et d’en préparer l’annotation. Quand, après avoir quitté la Bibliothèque, je passai en revue mes papiers, je constatai que les cartons consacrés au règne de Henri II, quoique dépourvus de tout classement, renfermaient les éléments d’un travail déjà assez avancé ; j’y trouvais à chaque instant une écriture qui me sera toujours particulièrement chère et dont la vue ranimait mon courage, en me faisant revivre dans un heureux passé. Je n’hésitai pas alors à reprendre des études depuis longtemps interrompues et à examiner les chartes de Henri II avec la rigueur qu’exige l’état actuel de nos connaissances en diplomatique et à profiter des ressources inespérées que la photographie met aujourd’hui à notre disposition.

C’est le premier résultat de ces études que j’ai eu l’honneur de soumettre récemment à l’Académie des inscriptions.

I. La chancellerie de Henri II. — Multiplicité des actes qui en sont sortis. — Rareté de ceux qui subsistent.

Henri II a gouverné le duché de Normandie pendant quarante années, de 1149 à 1189, et le royaume d’Angleterre pendant trente-cinq, de 1154 à 1189. Les actes qui, pendant cette longue période, ont été expédiés en son nom, pour l’Angleterre et pour les provinces françaises placées sous sa domination, sont tous rédigés sur le même plan, d’après des formules identiques, arrêtées avec une irréprochable justesse, dans un style simple, précis, correct et remarquablement uniforme, à l’exception d’un petit nombre de pièces auxquelles les officiers royaux ne sont pas seuls à avoir mis la main.

La chancellerie de Henri II devait avoir une organisation analogue à celle qui était déjà en vigueur sous les prédécesseurs de ce roi. Les usages qu’on y suivait s’étaient peu à peu fixés pendant les règnes des premiers rois de la dynastie normande ; mais les développements qu’ils reçurent dans la seconde moitié du XIIe siècle et auxquels ne furent point étrangers les chefs de la dynastie des Plantegenets, le comte Geoffroi et l’impératrice