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appuyés sur des forces imposantes et secondés par des ministres habiles et clairvoyants.

Les usages suivis dans ces provinces, au temps d’une véritable autonomie, n’ont pas dû disparaître quand ces parties essentielles de la France ont fait retour à la couronne et que l’autorité du roi a pu s’y faire reconnaître. Philippe-Auguste et saint Louis ont compris ce qu’ils feraient gagner à leur royaume en y généralisant des pratiques dont les avantages avaient été constatés pendant une expérience de longues années, sous le gouvernement de princes indépendants.

L’évolution se produisit surtout après la prise de possession des territoires qui avaient appartenu aux Plantegenets. Beaucoup des sujets de Jean sans Terre, dont les principaux intérêts étaient en pays redevenu tout à fait français, se rallièrent sans arrière-pensée à Philippe-Auguste, et plusieurs d’entre eux, qui avaient été élevés à l’école des grands administrateurs anglo-normands, ont pris place parmi les plus utiles et les plus dévoués serviteurs de Philippe-Auguste.

C’est sous le règne de Henri II et sous celui de Richard Cœur de Lion que, en Angleterre et dans les provinces françaises soumises à ces princes, la chancellerie royale, cette cheville ouvrière de l’administration, avait atteint un complet développement, et une absolue régularité, au point de pouvoir soutenir la comparaison avec les habitudes de ponctualité qui caractérisaient, à la même époque, les habitudes de la chancellerie pontificale.

Dès ma première jeunesse, j’avais été frappé du style des chartes de Henri II. J’en avais rencontré un grand nombre quand j’explorais les dépôts de Paris et des départements en vue de travaux projetés sur l’histoire de Normandie. Sous le patronage des maîtres de l’érudition normande, Gerville, Le Prévost, Caumont, Deville et Bonnin, il me fut donné de fouiller, à Saint-Lô, à Caen, à Rouen, à Évreux, presque tous les anciens fonds d’archives ecclésiastiques. Je pus le faire avec une entière liberté, le plus souvent sans l’intervention d’un archiviste, ce qui n’était peut-être pas régulier, mais dont je ne crois pas avoir abusé. C’est ainsi que je me trouvai de très bonne heure en possession d’une abondante collection de chartes de Henri II.

À partir de 1852, mon métier de bibliothécaire me tint longtemps éloigné des dépôts d’archives, sans que mon goût pour la