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Sibilla » (2,175 m.) entreprise par Antoine de la Sale, à la recherche du Paradis de la reine Sibylle[1].

Il est regrettable que M. Coolidge ne se soit pas attaché à présenter sous une forme plus accessible le fruit de ses longues investigations. Il semble avoir travaillé surtout pour lui, sans songer à la nécessité d’une bonne mise en œuvre. En rejetant le traité de Simler parmi les pièces justificatives et en rapprochant les notes du texte, il eût évité des redites et surtout il eût épargné au lecteur la confusion qu’engendrent cinq paginations distinctes. Ajoutons qu’une carte d’ensemble et une liste des ouvrages cités eussent permis de juger d’un coup d’œil des lacunes de l’ouvrage et des résultats acquis.

Ces réserves faites, nous reconnaissons volontiers dans le livre de M. Coolidge une étude très méritoire dont les historiens des Alpes auront à tenir compte, en raison de la compétence topographique indiscutable de l’auteur.


Étienne Clouzot.


Émile Salone. La Colonisation de la Nouvelle-France. Étude sur les origines de la nation canadienne française. Paris, Guilmoto, s. d. (1906). In-8o, 467 pages.


Au milieu des nombreux ouvrages sur le Canada que la librairie française met sans cesse en circulation, celui-ci se distingue par une réunion de qualités qu’on chercherait vainement dans la plupart des autres.

Tout d’abord, il remplit son titre. Jusqu’ici on n’avait guère sur le Canada que des études partielles, locales, des tranches d’histoire, des monographies ou des biographies ; ou bien alors des livres de vulgarisation, de distribution de prix, « avec de nombreuses illustrations ». Mais un travail scientifique de cette importance, comprenant dans son ensemble l’histoire de la colonisation de la Nouvelle-France, et ne comprenant que cela, un tel ouvrage, dis-je, n’existait pas. Et cependant quel plus beau sujet à proposer à un historien français ? Et aujourd’hui que nous sommes redevenus colonisateurs, quel livre plus opportun, plus instructif ?

Celui-ci est écrit avec une émotion discrète, mais très sensible, celle qu’inspire à tout homme aimant son pays le regret de voir orner maintenant la couronne coloniale d’une autre nation ce magnifique fleuron qu’aurait pu et qu’aurait dû être pour la nôtre la Nouvelle-France. Cette émotion se double chez le narrateur d’une admiration respectueuse et attendrie au spectacle et au récit des efforts surhumains du

  1. Cf. Gaston Paris, Légendes du moyen âge. Paris, Hachette, 1903, in-12, p. 67 et suiv.