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écrites de sa main : on y reconnaît, au contraire, la régularité, la correction propres aux écritures de chancellerie. Parmi les lettres missives adressées au maire de Saint-Omer ou recueillies par lui, il en est deux, celles de Gui Florent, trésorier du roi, qui semblent bien avoir été écrites par leur auteur, ainsi que l’indique le rapprochement, facile à faire, des textes et des signatures[1]. Le caractère autographe des autres lettres closes publiées par M. l’abbé Bled n’est rien moins que démontré. Ce qu’il y a de plus curieux, c’est que Jean Bon-Enfant lui-même, au moins dans certains cas, a fait écrire par d’autres ses lettres, dont le style, pourtant, est bien de lui et se reconnaît sans peine. La lettre close qu’il adressa, le 27 juin 1318, au sire de Fiennes[2], a été dictée à un secrétaire ; nous connaissons, en effet, l’écriture de Bon-Enfant, et elle n’a rien de commun avec celle de cette pièce. Le maire de Saint-Omer a tracé au dos des documents qu’il conservait des mentions qui, évidemment, émanent de lui : « Tout letres clozes de Madame d’Artois[3]. » — « Letres du singneur de Fienles, de Renti et de Stazart Joli[4]. » Il a fait mieux ; avec un soin digne d’éloges, il a gardé par-devers lui, sous forme de minutes ou de copies, les lettres qu’il adressait au roi et à la comtesse d’Artois[5] ; or, la plupart de ces minutes, et d’autres encore[6], sont d’une écriture aussi élégante qu’originale, qu’on ne peut confondre avec aucune autre, et il n’existe pas le moindre doute sur l’identité de cette écriture avec celle des notes tracées par Jean Bon-Enfant au verso des pièces. Les exemples d’écritures personnelles sont assez rares à cette époque pour que le fait mérite d’être relevé.

Les documents groupés par Jean Bon-Enfant ont donc une valeur paléographique : nous pensons aussi que les diplomatistes trouveront intéressant de rencontrer dans les lettres closes de la comtesse Mahaut d’Artois des formules et des procédés de rédaction dont l’emploi est constant, quarante ans plus tard, dans les lettres closes des premiers Valois.


Élie Berger.
  1. Pièces 2 et 5.
  2. Pièce 21.
  3. Pièce 3, au dos.
  4. Pièce 18, également au dos.
  5. Pièces 20, 22, 25, 26, 27, 32.
  6. Pièces 29, 30.