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qu’ils signalent. Ils auraient vu, en effet, que cette Histoire des seigneurs de la petite Bretagne n’est autre que l’ouvrage imprimé sous le titre de Bréviaire des Bretons et que son auteur est, non pas ce « Mauhugeon totalement inconnu, » auquel ils ont fait l’honneur d’un article, mais bien un historien breton d’une certaine notoriété, Pierre Lebaud. Ils auraient pu ajouter que cet ouvrage avait été publié, dès 1638, par les soins de Pierre d’Hozier, d’après un manuscrit appartenant alors au marquis de Molac[1].

D’où vient donc l’erreur commise par les rédacteurs des notices publiées par Montfaucon et par le Père Lelong ?

La cause en est très vulgaire. Ils ont pris le nom d’un copiste pour celui de l’auteur. Le ms. français 6012 de la Bibliothèque nationale (ancien 4819 de la bibliothèque de Colbert) se termine, en effet, par l’explicit suivant : « Finis. Votre très humble et très obéissant subgect et serviteur. Mauhugeon. » Cette signature a été considérée comme celle de celui qui avait composé le poème, alors qu’elle n’était que celle de celui qui l’avait transcrit. Le nom de Mauhugeon est donc à rayer, sous le bénéfice toutefois de l’hypothèse que nous exposons plus loin, de la liste des historiens bretons. Nous ignorons pourquoi M.  de Kerdanet et M.  Saulnier lui ont attribué le prénom de Jean. Peut-être ont-ils cru pouvoir l’identifier avec un Jean Mauhugeon qui était, en 1477, maître de l’artillerie de Bretagne[2].

Le manuscrit français 6012 présente une autre particularité qu’il convient de signaler. Le poème ne s’y arrête pas, comme dans le manuscrit du marquis de Molac, à la mort (15 septembre 1469) de Marguerite, première femme du duc François II. Il y est accompagné de deux strophes inédites, dans lesquelles sont rapportées les dates de mort, non seulement du susdit duc François (9 septembre 1488), mais de sa fille puinée Isabelle (24 août 1490). L’ouvrage se termine, par suite, sur la constatation que Anne, la fille survivante, resta « seule héritière du duché. »

C’est, sans doute, parce qu’il a été trompé par ce détail qu’un

  1. Histoire de Bretagne avec les chroniques des maisons de Vitré et de Laval, par Pierre Lebaud…, le tout nouvellement mis en lumière, tiré de la bibliothèque de monseigneur le marquis de Molac…, par le sieur d’Hozier. Paris, 1638, in-fol., 2e  partie, p. 89-135.
  2. Lobineau, Histoire de Bretagne, I, 712, et II, 1634.