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toute la hauteur des murailles[1]. Elle est entièrement remplie de livres ; de plus, il y a des volumes qui sont renfermés dans un cabinet. Les dits livres sont tous en parchemin, écrits à la main, en très beaux caractères, couverts en soie de diverses couleurs, avec de luxueuses garnitures et des fermoirs d’argent doré. On nous montra les Triomphes de Pétrarque, historiés d’excellentissimes miniatures de la main du Flamand, les Remèdes contre la mauvaise fortune du même messire François [Pétrarque], certaines Heures de la Madone dans un grand volume orné de peintures[2], les mystères de la Passion, en belle et antique peinture grecque, une Métamorphose [d’Ovide] écrite en latin et en français, toute en images, avec beaucoup d’autres très beaux livres, que, faute de temps, nous ne pûmes examiner. Sur la couverture d’un des dits livres, se voient, aux cantons et au milieu de chaque plat, dix ornements en forme de camées très habilement travaillés[3]. »

Le premier des manuscrits qui excitèrent l’admiration de Louis d’Aragon, cet exemplaire des Triomphes de Pétrarque, orné d’excellentissimes miniatures de la main du Flamand, ce volume à la couverture ornée de dix ornements en forme de camées, c’était à coup sûr le manuscrit qui porte aujourd’hui le no 548 dans notre fonds italien.

Mais quel est ce Flamand à la main duquel de nobles Italiens n’hésitaient pas en 1517 à attribuer de remarquables miniatures exécutées à Florence une quarantaine d’années auparavant ? C’est là un problème que je me borne aujourd’hui à poser. La

  1. Beaucoup des volumes qui viennent de la librairie de Blois portent encore des cotes indiquant la place qui leur était assignée sur les tablettes, ou plutôt les pupitres, du temps de Louis XII. Ces cotes semblent bien correspondre à l’aménagement décrit dans la relation de la visite du cardinal d’Aragon : les unes renvoient aux meubles placés contre les murailles ; les autres à des meubles non adossés aux murailles, qui ne devaient pas s’élever à une grande hauteur. En voici quelques exemples, se rapportant à des volumes classés sous la rubrique Des histoires et livres en françoys : « Pulpito 2o  contre la muraille de devers la court ; — Pulpito 6o  contre la muraille de devers la court ; — Au pulpistre second par terre du cousté devers la court ; — Pulpito 1o  entre la première et seconde croysées contre la muraille vers les fossés ; — Pulpito 1o  à la cheminée ; Pulpito 2o  à la cheminée ; Pulpito 3o  à la cheminée. »
  2. Ces Heures devaient être celles du duc de Berri, aujourd’hui no 919 du fonds latin.
  3. Le texte du chapitre consacré au château de Blois dans la relation d’Antonio de Beatis est inséré deux pages plus loin.