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lieutenants du roi. Ils prirent cette qualité en tête d’actes officiels[1], mais elle n’est pas rappelée par la légende du sceau qu’ils employèrent, et sur lequel la couronne de France, emblème de la royauté, est simplement entourée des mots : « S. Ludovici, Dei gratia Francorum regis, in partibus transmarinis agentis[2]. » Investis des mêmes pouvoirs, lorsqu’en 1285 Philippe III envahit l’Aragon, ils reprirent leur ancien titre de lieutenants du roi[3], et firent usage d’un sceau à couronne, analogue à celui de 1270[4].

Ainsi, jusqu’à la fin du XIIIe siècle, ceux qui furent chargés de gouverner la France en l’absence du roi exercèrent leur autorité, les uns sans porter de titre spécial, d’autres sans même se nommer, d’autres enfin en s’intitulant lieutenants du roi ; mais, lorsque la descendance d’Hugues Capet et de saint Louis s’éteignit dans la branche aînée, le royaume se trouva dans des circonstances d’une gravité exceptionnelle, qui eurent pour effet la constitution de pouvoirs spéciaux, représentés dans les documents par un terme nouveau, celui de régent.

On sait qu’en 1316, Louis X étant mort sans laisser d’héritier mâle, l’aîné de ses frères, Philippe le Long, comte de Poitiers, fut chargé du gouvernement en attendant la délivrance de la reine Clémence de Hongrie, qui était enceinte. Le comte de Poitiers devait conserver le pouvoir, si Clémence avait un fils, jusqu’à la majorité de son neveu, sauf à devenir roi lui-même au cas où l’enfant dont on attendait la naissance serait une fille. Philippe le Long, dans les jours qui suivirent la mort de Louis X, n’avait d’abord figuré en tête des actes qu’avec sa qualité de frère du roi défunt : « germanus primus inclite recordacionis, domini nostri carissimi, domini Ludovici quondam Dei gratia regis Francie et Navarre[5]. » Mais bientôt, investi des pouvoirs les plus étendus, il s’intitula : « regis Francorum[6] (ou : Francie[7]) filius,

  1. Arch. nat., J. 726, no 47, du 13 au 30 avril 1270. — Ibid., J. 396, no 4, mai 1270. (Layettes du Trésor des chartes, t. IV, nos 5686 et 5698.)
  2. Arch. nat. (Douët-d’Arcq, la Collection des empreintes de sceaux, etc., t. I, no 43.)
  3. Arch. nat., K. 35, no 16, juin 1285. (Musée des Archives nationales, no 291.) — Ibid., S. 5161, juillet 1285.
  4. Douët-d’Arcq, la Collection des empreintes de sceaux, etc., no 46.
  5. Arch. nat., K. 40, no 2, 17 juin 1316.
  6. Arch. nat., JJ. 54b, fol. 1 ro 1 : « regis Francorum filius. »
  7. Arch. nat., K. 40, no 4, octobre 1316 : « regis Francie filius. »