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LE TITRE DE RÉGENT


DANS


LES ACTES DE LA CHANCELLERIE ROYALE


L’étude des termes et des formules employés dans les anciennes chancelleries n’a pas seulement pour effet de contrôler les actes publics, d’en établir l’authenticité ou le sens précis ; elle emprunte un intérêt particulier à la corrélation qui a toujours existé entre les grands faits de l’histoire et la rédaction des documents. Le principal attrait de la diplomatique vient précisément de ce qu’elle se modifie avec l’histoire elle-même ; le jour où une institution acquiert sa forme définitive, il est rare qu’on ne voie pas apparaître en même temps les termes exacts qui servent à la dénommer ; en général, les mots qui la désignent se précisent à mesure qu’elle se perfectionne ; l’emploi en devient régulier, mais peut varier suivant les conditions dans lesquelles sont appliqués les lois et les usages. Il nous a semblé qu’à cet égard les titres portés en France par les régents et les régentes méritaient d’être étudiés.

Nous désignons couramment, en France, par le nom de régents, tous ceux qui, à diverses époques, ont exercé par délégation, et dans toute sa plénitude, l’autorité royale : grands dignitaires de l’Église ou du monde féodal, reines douairières, premiers princes du sang, chargés, dans les circonstances les plus diverses, de régner en l’absence d’un roi. On prête même, dans l’usage, cette qualité à des personnes qui ne l’ont pas eue ; telle la dame de Beaujeu, cette femme remarquable et si dévouée à la France tant que le bien de l’État s’est trouvé d’accord avec ses sentiments de famille ou son intérêt particulier ; or, c’est un fait connu qu’en réalité la fille de Louis XI n’a jamais porté ce titre, qui n’aurait