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LA MESSE POUR LA PESTE


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La grande peste de 1348, dont les ravages furent tels que, selon Froissart, « la tierce partie du monde mourut, » plongea dans la consternation l’Europe entière. Tous les contemporains en parlent dans des termes qui ne peuvent laisser subsister aucun doute sur la violence du fléau. Pétrarque, à qui elle dicta quelques-uns de ses plus beaux vers, dit que l’univers fut presque entièrement dépeuplé, que les maisons sont demeurées sans famille, les villes sans citoyens, les campagnes incultes et toutes couvertes de cadavres. Boccace, au premier chapitre du Décaméron, nous dépeint l’étendue de ses ravages à Florence. Si les poètes nous retracent avec des accents émus l’effrayant tableau de cette mortalité, les chroniqueurs, quoique plus concis, ne sont pas moins d’accord pour nous représenter cette peste comme un des fléaux les plus épouvantables qui aient frappé l’humanité dans les siècles passés[1].

Ces différents récits ne sont malheureusement que l’expression de la vérité, car tous les documents de cette époque, de quelque nature qu’ils soient, les confirment. Des villes, telles que Puiseux-en-Bray[2], Amiens[3], Montfaucon[4], Coincy[5], Montreuil-sur-Mer[6],

  1. Chroniques de Jean le Bel, éd. Polain, t. I, p. 203. — Froissart, Chroniques, éd. Luce, t. IV, p. 330. — Grandes Chroniques, éd. P. Paris, t. V, p. 485 et 486. — Chronique de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 210 à 214, etc…
  2. Oise. Lettres de mai 1349 (Arch. nat., JJ. 77, no  308).
  3. Arch. nat., JJ. 68, no  425, et A. Thierry, Recueil de monuments inédits de l’histoire du tiers-état, t. I, p. 544, lettres de juin 1349.
  4. Meuse. Lettres de juillet 1349 (Arch. nat., JJ. 68, no  379).
  5. Aisne. Lettres du 24 août 1349 (Arch. nat., JJ. 68, no  357).
  6. Lettres du 6 septembre 1349 (Arch. nat., JJ. 78, no  14).