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3. Le cadet gardera la « terre » qu’il « tient », et il aura de plus tout le duché de Normandie, c’est-à-dire tout ce que le roi de France occupe actuellement, et ceci en compensation du comté d’Angoulême et de plusieurs rentes dues sur le trésor ;

Les comtés de Champagne, de Brie et de Bigorre, qui lui appartiennent par vraie succession et font partie de son héritage ;

Les comtés de Toulouse et de Chartres, avec toutes leurs dépendances ;

Le Carcassès, les terres de Béziers, de Montpellier et d’Aigues-Mortes jusqu’aux montagnes d’Aragon, de Comminges et de Foix ; d’Aigues-Mortes, la nouvelle frontière remontera au nord par Beaucaire et Viviers, pour aboutir en ligne droite vers Masseilles, à l’extrémité opposée du comté de Toulouse, sans toucher à l’ancien duché de Guyenne[1].

  1. Je transcris textuellement ce dernier paragraphe : « Item, les terres de Carcassès, de Bediers, de Montpellier, d’Aigemort jusqes as montaignes d’Arragon, de Comenges et Ffois, et d’Aigemort, retournant par Bel[cayre] et par Viviers, jusqes à l’autre part de la contée de Tholouse, droit à Massalle, sanz rien toucher à la duchée de Guyenne auncient. » — Après Bel, il y a un trou dans le parchemin, mais la restitution Bel[cayre] paraît absolument légitime. — Le manuscrit porta Massał ; or, dans les manuscrits anglais du xive siècle, le signe abréviatif tient lieu d’une lettre ou de deux au plus (Massale, Massalle ou Massalhe). Je crois qu’il s’agit de Masseilles, Gironde, arr. de Bazas, cant. de Grignols. Cette localité, qui occupe un des points culminants du département de la Gironde (cote 147), a, en effet, très sensiblement la même latitude que Viviers (par Viviers… droit à Massalle). Elle n’a pas de passé historique ; on n’y voit aucune trace d’anciennes fortifications, et l’on peut être surpris de la mention dont elle est ici l’objet. Mais il est certain qu’au xive siècle il existait, pour la délimitation des provinces, des points de repère que nous sommes loin de tous connaître aujourd’hui. Le moine de Malmesbury, qui a établi d’une façon si précise l’itinéraire du prince de Galles dans sa chevauchée de 1356, a soin de noter, à propos d’une autre localité également peu importante (Lury, Cher, arr. de Bourges, ch.-l. de cant.), qu’elle marquait la limite du duché de Guyenne : « Postea (28 août) venit per unam antiquam villam et muratam tamen fractam, quod (quae) vocatur Lury ; ibi enim finis esse solebat ducatus de Gyen in illa parte. Postea transivit unam aquam quæ dividit ducatum et regnum Franciæ, et vocatur Cheri, et pernoctavit in villa de Virizon. » Sur le territoire de la commune actuelle de Masseilles était située l’abbaye cistercienne de Fontguillem ; c’est près de cette abbaye qu’au mois de novembre 1355 s’effectua la rentrée en Guyenne d’une partie de l’armée du prince de Galles. — Voici les formes anciennes de Masseilles que j’ai pu relever : Marsselhes (1277), Cartul. de Saint-Seurin de Bordeaux, éd. Brutails, p. 368 ; — Masseilhas (1313), Arch. hist. de la Gironde, II, 315 ; — Massailhe ; Masselhas (1316), ibid., II,