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le duc ne pût assister à la conférence où Anglais et Français allaient se rencontrer pour travailler au maintien de la paix[1]. « Si Dieu plest, disait-il en terminant, briefment vous verrons, et coment que vous tensons (tançons) maintenant par lettres, certainement nous ferrions volentiers et de coer tousjours ce que vous voudriés. »


II.

Un document important reste à examiner, qui ne se rattache pas directement, il est vrai, aux négociations entamées par Charles le Mauvais avec les Anglais après l’assassinat de Charles d’Espagne, mais dont la date incertaine n’est pas postérieure de beaucoup à ces mêmes négociations. Selon toute probabilité, il se rapporte à l’une des deux années 1354 ou 1355. Je veux parler d’un projet de traité à intervenir entre les Navarrais et les Anglais pour la conquête et le partage du royaume de France. Ce projet, conservé dans le même recueil manuscrit que les lettres utilisées jusqu’ici, semble faire corps avec elles. C’est également une copie du xive siècle, d’une écriture anglaise, et sur la provenance de laquelle aucun doute n’est possible. « Ceste copie », dit une courte note placée en tête, « feust trovée entre les lettres de Navarre, escrite de la main l’evesqe de Loundres. »

Voici, article par article, un résumé de cette sorte de memorandum, remarquable par la précision avec laquelle sont énoncées les prétentions du roi de Navarre et les concessions qu’il croit devoir faire. On sait que, dans sa correspondance secrète, Charles le Mauvais usait volontiers de pseudonymes ; dans la pièce en question, il se qualifie de cadet (mainsné), tandis que le roi d’Angleterre est appelé l’aîné (ainsné).


1. Une alliance perpétuelle existera entre les deux parties contractantes, contre toutes personnes, excepté le roi d’Aragon[2].

2. Les deux alliés ne feront jamais paix, trêve, ni accord l’un sans l’autre.

  1. Le duc de Lancastre ne figure pas, en effet, parmi les commissaires anglais envoyés par Édouard III aux conférences de Guînes.
  2. Un traité d’alliance avait été conclu entre Jeanne, reine de Navarre, et Pierre, roi d’Aragon, à Conflans, près de Paris, le 27 août 1349. (Bibl. nat., Duchesne, 107, fol. 291. Copie moderne.)