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devait au préalable retourner en Angleterre, d’où il lui serait aisé de faire passer des secours sur le continent. Il annonçait que, dès la veille ou l’avant-veille de la Chandeleur, il se trouverait à Bruges en Flandre, pour y attendre les messagers du roi de Navarre, au nombre desquels il serait bon, disait-il, de comprendre le sire de Fricamps[1] parce que sa personne ou son nom étaient déjà connus en Angleterre. C’est à Bruges également que Lancastre avait donné rendez-vous à l’écuyer envoyé en Angleterre pour porter à Édouard III et au prince de Galles les lettres de Charles le Mauvais. Le choix de Bruges se justifiait par une double considération : on pouvait s’y rendre aussi vite et plus sûrement qu’à Calais, et, tout en y venant, le duc restait à proximité du Hainaut, où les instructions d’Édouard III pouvaient le rappeler.

Sur ces entrefaites, Lancastre, qui n’était point encore parti de Malines, reçut le 26 janvier la deuxième lettre du roi de Navarre. Il se borna, dans sa réponse, à renouveler ses précédentes déclarations, en s’efforçant de détourner Charles d’entrer en traité avec le roi de France. Déjà, en effet, la situation était moins tendue, et la voie ne semblait plus fermée à une réconciliation.

Le 8 février, Jean II, singulièrement radouci contre toute attente, donnait pleins pouvoirs à deux commissaires, le cardinal de Boulogne et le comte de Bourbon, pour négocier la paix avec le roi de Navarre, lui faire en terres et en rentes les

  1. Jean de Fricamps, dit Friquet, d’une ancienne famille de Picardie, dont une branche cadette était, depuis le xiiie siècle, fixée dans la Basse-Normandie. Chevalier ; capitaine pour le roi de France en la comté d’Angoulême (1351) ; entra au service du roi de Navarre au début du règne de Jean II et à l’instigation même de ce prince. Il joua un rôle plus ou moins actif dans tous les événements auxquels son maître fut mêlé. Arrêté avec lui à Rouen, en 1356, il fut enfermé au Châtelet de Paris, mais parvint à s’évader, non sans avoir subi trois interrogatoires, en partie conservés, et qui sont une très précieuse source d’information. Le dauphin réussit à le détacher de la cause navarraise, lorsqu’il eut conclu la paix avec son beau-frère (1360), et en fit un de ses chambellans. Plus tard, après son avènement au trône, il lui accorda une pension viagère de 1 000 livres parisis pour l’indemniser des pertes qu’il avait subies en quittant le parti du roi de Navarre, redevenu l’ennemi de la couronne. Mort après 1366 et avant 1369, et non point en 1375 ou 1376. Sa femme était Marie de Vierville. Il laissa un fils surnommé également Friquet. (Bibl. nat.. Pièces orig., 125, Fricamps. — René de Belleval, Lettres sur le Ponthieu, 2e éd. Paris, Aug. Aubry, 1872, in-8o. Lettre XX. Friquet de Fricamps, p. 425-472.)