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Hainaut et son fils[1]. C’est là que lui parvint, — probablement vers le 18 janvier[2], — la première lettre du roi de Navarre. Elle le surprit peut-être médiocrement, car il n’est pas impossible que, dans quelque circonstance antérieure, Charles le Mauvais eût déjà laissé entendre que volontiers il recourrait à l’alliance anglaise. Quoi qu’il en soit, un des valets du duc[3], Gautier de Bintree[4], partit aussitôt pour Évreux, porteur d’une réponse dont le texte, sans doute assez court, ne s’est point conservé, et que devaient compléter des explications données de vive voix. Une longue note, qui nous est parvenue, dictait à l’envoyé les termes dans lesquels ces explications seraient fournies[5]. Tout en protestant de son bon vouloir, Lancastre représentait au roi de Navarre combien il lui était difficile d’intervenir immédiatement, en raison de la mission qu’il avait à remplir et dont le but n’était pas encore atteint. Il n’avait avec lui qu’un petit nombre d’hommes d’armes et point d’archers. Pour prêter à Charles un concours utile, il

  1. Marguerite, sœur et héritière de Guillaume IV, comte de Hollande et de Hainaut, et femme de l’empereur Louis de Bavière, avait été en guerre avec son fils Guillaume V, dit l’Insensé, auquel elle avait cédé ses états héréditaires, à la charge de lui servir une pension annuelle, qui ne lui fut jamais payée. Cette guerre, après diverses alternatives, se termina par la destruction de la flotte de Marguerite, le 4 juillet 1351. Elle se réfugia alors en Angleterre, où le roi Édouard III, son beau-frère, lui offrit sa médiation. Une sentence arbitrale intervint le 7 décembre 1354, aux termes de laquelle Marguerite accorda son pardon à son fils et lui abandonna la Hollande, la Zélande et la Frise, tout en se réservant certains revenus de ces provinces. (Hossart, Histoire ecclésiastique et profane du Hainaut. Mons, 1792, 2 vol. in-8o, t. II, p. 142-147.)
  2. En supposant qu’il a fallu au messager du roi de Navarre huit jours pour se rendre à sa destination. Le duc de Lancastre dit lui-même qu’il a reçu à Malines, le 26 janvier, une lettre écrite d’Évreux le 18 du même mois. (Pièces justif., no  III.)
  3. « … un des miens (vadlets)…, » écrit le duc de Lancastre au roi de Navarre. — Déposition de Friquet de Fricamps dans Secousse, Recueil, p. 52 : « … et assez tost après vint devers ledit Roy de Navarre un escuier de cuisine du duc de Lencastre, appelle Gautier, à Évreux… »
  4. Gautier de Byntre, Wautier Byntre. Kervyn de Lettenhove imprime : Wyntre, ce qui est évidemment une mauvaise lecture. — Bintree est une paroisse du comté de Norfolk.
  5. « La credence baillée à Gautier de Byntre de dire au Roy de Nauverre de par Monseigneur le duc de Lancastre, son cousin. » (British Museum, Cotton., Caligula, D. III, no  64.) — Kervyn de Lettenhove a publié cette pièce, dont il a omis une partie importante, — tout le début, — qu’on trouvera aux Pièces justificatives.