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PREMIÈRES NÉGOCIATIONS
DE
CHARLES LE MAUVAIS
AVEC LES ANGLAIS
(1354-1355).


Le manque de foi a été le trait dominant de la politique étrangère de Charles le Mauvais. Comme ses « adversaires de France », Édouard III eut occasion d’éprouver la duplicité du roi de Navarre et l’instabilité d’une alliance, trop favorable à ses vues pour être repoussée quand elle s’offrait à lui, trop peu sûre également pour ne pas lui causer de mécomptes. C’est que le prince, dont l’ambition servit si bien les desseins du monarque anglais, ne se piquait d’aucune fidélité à tenir ses engagements et savait les éluder avec une aisance déconcertante. Ne voyant dans les traités, conclus ou projetés, que des expédients destinés le plus souvent à le tirer d’un mauvais pas, il cessait de les prendre au sérieux, si, le péril écarté, son intérêt l’invitait à sacrifier ses amis d’un jour et à renouer avec ses ennemis de la veille. Dès le début de son règne, il apparut tel qu’il devait rester jusqu’à la fin : dépourvu de scrupules, prompt aux intrigues et aux négociations secrètes, mais pour les désavouer ou les rompre au moment décisif, sans souci des complices ou des alliés qu’il pouvait laisser en fâcheuse posture. Sa conduite au lendemain de l’assassinat du connétable Charles d’Espagne[1] offre un

  1. Charles d’Espagne fut tué le 8 janvier 1354. (« Ce mescredi après la Thiphanie », écrit le roi de Navarre au duc de Lancastre. Voy. Kervyn de Let-