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sobriété remarquable. On ne saurait trop l’en féliciter. En France, nous nous imaginons immédiatement qu’il est nécessaire de publier un volume. Remercions notre confrère de n’avoir écrit qu’une belle brochure toute pleine de faits, de documents et d’idées.

De place en place, M. Salles expose ses principes de méthode. Le suivant mérite d’être reproduit ; il fait indirectement la critique de la plupart des travaux que les érudits contemporains consacrent aux origines de nos institutions : « Il serait faux de faire dériver les consuls des institutions similaires que nous venons de citer. Nous repoussons toute filiation entre des institutions qui n’ont de commun que l’identité des besoins auxquels elles répondent. »

Parlant des groupements dans les villes du moyen âge, — rue des Juifs, rue des Lombards, — notre confrère y voit une preuve des tendances des contemporains à se grouper et à s’isoler par nationalités. Nous croyons, au contraire, que ces rues étaient la conséquence de la tendance à se grouper par métiers. Les Lombards, ce n’était pas une nationalité, c’était un métier ; et les Juifs aussi. II est vrai que le développement de ce dernier point demanderait une place que nous n’avons pas ici.


Frantz Funck-Brentano.


Chanoine Reusens. Éléments de paléographie, 2e fascicule. Louvain, 1899. In-8o, pages 185 à 496.


Avec un second fascicule, les Éléments de paléographie[1], dont nous avons annoncé la première partie, sont complets. Le chanoine Reusens y étudie l’écriture de l’Europe occidentale du XIe au XVIIIe siècle. Aucun manuel de paléographie n’avait été publié jusqu’ici qui renfermât un aussi grand nombre de fac-similés. Chacun des manuscrits reproduits est accompagné d’une transcription, toujours faite avec un soin minutieux, et d’un commentaire qui en fait ressortir les caractères généraux et les particularités. On regrettera seulement que le format ait exigé trop souvent la réduction des manuscrits. La doctrine est conforme à celle des auteurs qui font autorité en la matière, sauf en un point. Nous nous étonnons en effet de rencontrer sous la plume d’un historien une phrase comme celle-ci : « La minuscule caroline disparut de l’Europe occidentale dans le courant du XIIe siècle. Elle fut remplacée par une écriture généralement plus grande, et d’un beau style, dans laquelle les traits formant des angles dominent » (p. 204). Ce qui ferait croire que l’écriture que nous appelons gothique, formée d’un seul coup et en quelque sorte inventée par un scribe ou une école de scribes, s’est

  1. Voy. le compte-rendu du 1er fascicule dans la Bibliothèque de l’École des chartes, t. LVIII, p. 677.