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anciennes écritures. » Et, sous prétexte de mettre en garde les débutants contre les confusions qui peuvent résulter de la ressemblance de diverses lettres entre elles, l’auteur fait une étude particulière de chaque lettre, étude incomplète à cause du point de vue un peu étroit auquel l’on s’est placé, et qui aurait dû être rejetée à la fin du volume, afin de montrer l’enchaînement des formes déjà connues du lecteur ; car l’on est amené ou bien à parler de formes de lettres qui n’ont pas encore paru dans les fac-similés, ou bien à négliger ces formes, ce qui est d’ailleurs le cas, car nous ne voyons pas qu’il soit question de l’écriture gothique qui, plus que toute autre, offre des difficultés résultant des ressemblances entre des lettres différentes. Tout ce chapitre est donc confus. On y a fait rentrer des paragraphes sur les lettres liées et les monogrammes, sur l’ornementation des lettres, sur les différents modes d’écrire les nombres. À la page 151, nous lisons : « La moitié fut exprimée chez les Romains et dans les manuscrits des neuf premiers siècles de l’ère chrétienne par la lettre S (sigle de semis, demi). » Il y a là une petite inexactitude. L’usage de la lettre S pour indiquer la moitié s’est conservé après le IXe siècle, car elle est encore employée avec cette valeur dans les registres municipaux de Douai au milieu du XIIIe siècle et même dans des documents du XIVe siècle, par exemple dans la liste des Flamands tués à la bataille de Cassel. Viennent ensuite les signes de ponctuation, les signes de correction. L’on ne voit vraiment pas comment des signes aussi essentiels peuvent être considérés seulement comme des « causes rendant difficile la lecture des anciennes écritures. » Pourquoi encore mettre la cryptographie entre « la division arbitraire des mots à la fin des lignes » et les « fautes de transcription ? » Le chapitre V est consacré à l’orthographe et aux usages anciens. Il s’adresse aux personnes qui ne sont pas familières avec la philologie ; mais l’on ne conçoit guère qu’on puisse prétendre lire utilement d’anciens manuscrits si l’on n’a pas pris dans des livres spéciaux, et plus explicites que les quelques pages des Éléments de paléographie, des notions sur le latin du moyen âge et sur les langues romane ou néerlandaise. Quant aux usages anciens, sans doute leur ignorance « crée nécessairement des difficultés pour l’intelligence et, par suite, pour le déchiffrement des textes anciens. » Mais, si l’auteur d’un manuel de paléographie prétend mettre son lecteur à même de comprendre et de tirer parti des textes dont il lui apprend le déchiffrement, il lui faudra joindre à son ouvrage un cours complet de droit public et de droit privé. Et l’on ne voit pas pourquoi de tous ces usages anciens le chanoine Reusens n’a retenu que ceux qui se rapportent aux divers modes de tradition, per ramum et cespitem, per festucam, per cultellum, etc. Il y a bien d’autres formules de droit, souvent abrégées, par exemple dans les actes de notaires, qui arrêteront les débutants. Il suffisait d’indiquer, comme l’a fait d’ailleurs le