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relèvement exagéré du second jambage de l’a ouvert, et qui paraît dans les bulles du IXe au XIe siècle, je signalerai un a de cette forme sur une monnaie du VIIe siècle, frappée à Chalon-sur-Saône. Le fait est intéressant, puisqu’il est une preuve ajoutée à d’autres que les diverses minuscules n’étaient pas originairement cantonnées dans des pays déterminés. Ces minuscules disparurent toutes devant la minuscule caroline dont l’usage devint peu à peu général en Europe. Le chanoine Reusens lui a accordé une large place dans son livre. Mais « au moment même où l’adoption de la minuscule caroline venait de supprimer la plupart des difficultés que présentait jusqu’alors le déchiffrement de l’écriture minuscule, surgirent des difficultés d’un nouveau genre. D’abord, les abréviations devinrent plus communes et ne cessèrent de se multiplier pendant les siècles suivants. Ensuite, des signes spéciaux et des modes particuliers d’écrire furent employés pour différents ordres d’idées. » C’est pourquoi, avant d’aborder l’étude des transformations subies par l’écriture après le Xe siècle, l’auteur des Éléments, qui avant tout s’est préoccupé de faire un livre d’enseignement, a cru devoir consacrer aux abréviations un long chapitre, rempli d’observations judicieuses dont quelques-unes nouvelles. Ainsi, je ne crois pas qu’on ait signalé jusqu’ici les figures multiples, étoile, treillis, rameau, employées dans une charte du XIe siècle, reproduite dans l’Oorkondenboek van Gelderland de Sloet, à la place du signe abréviatif le plus simple, la barre horizontale. Pour les signes spéciaux d’abréviation, le chanoine Reusens en a parfois indiqué l’origine, par exemple pour la note d’esse. Il eût pu rappeler que le signe  = us est emprunté aux notes tironiennes, comme on peut le voir par le fac-similé même du lexique qu’il a donné à la planche VI dans les mots pederus et sigmentarius. C’est peut-être dans le chapitre des abréviations que l’observation sur IHC ΧΡϹ aurait dû trouver place (car c’est une abréviation par contraction) plutôt qu’à la suite de l’étude des lettres. Le chanoine Reusens a adopté l’opinion courante qui considère l’H comme un η grec. S’il est certain que ΧΡϹ est formé de lettres grecques, il n’en est pas de même de IHC. Il est douteux que l’h de l’abréviation de ihs dans la minuscule ne soit que la transcription d’un Η (êta) grec mal compris. C’est là ce qu’a fait remarquer le premier M. Henri Omont (Bull. de la Soc. des Antiquaires de France, 1892, p. 124). Et, en effet, dans les manuscrits latins en capitale ou en onciale, l’on ne trouve pas IHC, mais bien IHS ; l’abréviation Jesus se termine par une S latine et non par un sigma grec. Ainsi, dans le fac-similé no 1 de la planche III des Éléments, reproduisant un évangéliaire du VIe siècle, nous trouvons ΧΡω (pour Christum) avec un ρ grec, mais IHS pour Jhesus. Il semble donc que l’opinion de M. H. Omont doive être adoptée.

Le chapitre IV des Éléments porte un titre singulier : « Diverses causes autres que les abréviations rendant difficile la lecture des