Page:Bibliothèque de l’École des chartes - 1897 - tome 58.djvu/686

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

remarque le chanoine Reusens (p. 11, note 2), « certaines inscriptions murales de Pompéi, de même que les tablettes de cire du IIe siècle découvertes en Transylvanie, offrent déjà des formes de lettres qui se développèrent plus tard dans l’écriture onciale. » En second lieu, l’on a retrouvé en Afrique des inscriptions où l’onciale est absolument constituée, par exemple l’inscription de Makter, dite du moissonneur, et deux autres qui ne sont pas datées, il est vrai, mais qui paraissent bien antérieures aux plus anciens manuscrits connus en onciale[1]. Il a pu exister de très anciens manuscrits perdus qui auraient servi de modèles aux lapicides. Seulement les monnaies nous fournissent la preuve que la capitale a pu se transformer en onciale, c’est-à-dire que les angles ont pu s’arrondir sur d’autres matières plus résistantes que le papyrus ou le parchemin. Sur les monnaies de Théodebert, par exemple, l’E affecte diverses formes ; tantôt il est franchement capital, tantôt il présente une haste aux extrémités de laquelle s’appuient les barres, non pas horizontalement, mais à angle obtus, inclinées, la barre supérieure se relevant, l’inférieure s’abaissant, tantôt enfin les barres et la haste tracées d’un seul trait de burin donnant un . Il y a des cas où il est difficile de décider si l’on est en présence de la seconde forme ou de la troisième ; cette seconde forme est donc intermédiaire entre la première et la troisième, entre la capitale et l’onciale. Après l’onciale et la demi-onciale, M. le chanoine Reusens étudie la minuscule. Les Romains, dit-il, la connaissaient ; il n’en cite pas d’exemples. À vrai dire, ce n’était pas le lieu de parler de la minuscule, car la minuscule, telle qu’on l’entend ici, celle dont on donne des exemples, c’est la minuscule dite caroline, issue, comme l’a démontré M. Delisle, de l’onciale et de la demi-onciale. Le chapitre consacré à l’écriture cursive est au contraire fort intéressant. Il y a là des exemples bien choisis de graffites offrant des formes de lettres qu’on comparera utilement à celles des écritures dites nationales. Un long paragraphe relatif aux notes tironiennes termine le premier chapitre. Le chapitre II est consacré aux écritures dites nationales. L’auteur a adopté la classification des savants qui font autorité en paléographie : MM. Delisle, Thompson et Wattenbach. On s’étonnera de trouver dans le paragraphe de l’écriture lombardique une bulle de 1791 en scrittura bollatica ; mais l’auteur du présent manuel a éprouvé le même embarras que l’un de ses devanciers ; ne sachant où faire figurer cette écriture extraordinaire et qui ne se rattache nettement à aucun groupe, il l’a mentionnée à côté des écritures précédemment employées par la chancellerie pontificale. Encore l’exemple qu’il a choisi n’est-il pas très caractéristique. À propos de la forme de l’a, voisine de celle de l’ω, produite par le

  1. L’édit de Dioclétien de l’an 301, gravé sur une stèle conservée au Musée national d’Athènes, est en écriture onciale.