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Anno D CCC LXXVII et indictione X, ii nonas octobris præcellentissimus imperator Karolus sanctæ recordationis, insignisque memorie, temporalem finiens cursum feliciter, ut credimus, ad gaudia migravit æterna. Hic siquidem fuit serenissimi augusti Hludovici filius ac nepos gloriosissimi cæsaris ejusdem nominis Karoli ; cujus celsitudinis atque dulcedinis nobilissima propinqua ejus Bertrada, abbatissa, cum omni congregatione sibi commissa, supplicationibus devotissimis assidue memor, hanc memoriam litteris compendio comprehensam fecit describi, quæ in ejus anniversario annuatim recitaretur ejusque memoria semper haberetur.


Cette mention a été considérée par les plus anciens éditeurs de Flodoard[1] comme appartenant au texte des Annales, et ils en ont logiquement conclu, les premiers en fait et le dernier d’une façon explicite, que ce texte des Annales nous était arrivé mutilé et que cette mutilation avait porté sur toute la partie comprise entre 877 et 919[2].

En 1839, Pertz rejeta cette attribution et du même coup l’hypothèse de la lacune[3]. L’année 919 fut, par conséquent, considérée par lui comme la date initiale de l’œuvre.

  1. Pithou en 1574, Duchesne en 1636 et Dom Bouquet en 1752.
  2. Cf. Lauer, p. 242-243.
  3. Monumenta Germaniæ, SS., t. III, p. 368-408. — Cette édition a été reproduite par Migne dans sa Patrologie latine, vol. CXXXV. — Pertz n’a pas été le premier à émettre cette opinion. On la trouve exposée dans une lettre d’un érudit de Troyes, Grosley, dont nous devons la communication à l’obligeance de notre confrère et ami M. Vidier. Cette lettre fut adressée par Grosley à Dom Bouquet, après la publication du tome VIII des Historiens de France : « Troyes, 21 novembre 1752. — Je viens de lire, mon très révérend Père, votre nouveau volume, avec l’empressement et la satisfaction que je vous ai témoignés pour les précédens. Pour m’éclaircir sur la lacune que vous trouvez dans la Chronique de Frodoard, entre l’année 877 et l’année 919, j’ai consulté le ms. sur lequel M. Pithou a donné son édition de cette cronique et qui est ici à la bibliothèque de notre collège. Le ms. très complet commence par la relation des Visions de Flotilde (Flotildæ) et la cronique sans titre suit immédiatement en commençant par l’année 919. Ainsi je penserois que M. Pithou et le P. Labbe ont tiré l’année 877 d’un ms. qui avoit appartenu au monastère dont la Bertrade, dont il y ait parlé, étoit abbesse, qui, ayant un ms. de Frodoard dont on avoit laissé le titre en blanc pour le remplir ensuite en lettres de couleur, a fait mettre dans cette place la datte de la mort de Charles le Chauve, fondateur de son couvent ut ejus memoria semper haberetur. Frodoard, né en 894, aura commencé sa cronique en 919, étant âgé de vingt-cinq ans, et il l’a continuée jusqu’à sa mort, n’y ayant fait entrer que ce qui s’est passé sous ses yeux depuis qu’il avoit été en âge de réfléchir. Le ms. de