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annos operis ejus 878-918 desiderari statuerunt. Quod quam veritati contrarium sit, tum ex ipsis codicibus tum ex Richero patet, qui Flodoardum ab anno 919 exscripsit. »

Prenons successivement les deux arguments de Pertz, en intervertissant l’ordre dans lequel il nous les présente :

A. Comparaison avec Richer.

B. Étude des manuscrits.

Nous examinerons ensuite s’il n’y a pas lieu de substituer à la théorie de Pertz l’une des deux hypothèses prévues par Wattenbach.

A. Nous venons de voir comment Wittich, à la suite d’une étude approfondie de la partie des Histoires de Richer se rapportant à une époque antérieure à 919, a été amené à croire à l’existence d’un ouvrage qui aurait servi de guide à Richer avant 919, comme les Annales lui en ont servi depuis cette date. Il est donc impossible de conclure, avec Pertz, du fait que Richer se sert des Annales telles que nous les connaissons, c’est-à-dire depuis 919, que ce chroniqueur n’a pu faire des emprunts à une œuvre analogue pour le récit des événements antérieurs à 919[1].

Sans doute, Richer a utilisé des légendes dans cette partie de son œuvre ; mais il en utilise encore plus loin (la mort de Guillaume Longue-Epée, l’épisode de Setric et Turmod, liv. II, ch. 32-35, etc.). Et ce n’est pas la tradition orale qui aurait pu lui apprendre, par exemple, la date du couronnement de Charles le Simple (qui permet de corriger une erreur des Annales védastines) et celle de la mort d’Eudes. Il y a, en effet, un fond de vérité dans le récit de Richer antérieurement à 919. MM. Wittich et Favre l’ont nettement montré, et il est inutile d’insister sur ce point[2]. Qu’on retienne seulement que Richer est

  1. Guadet, éd. de Richer, p. XXIX, dit très bien : « Eh ! qui dit à M. Pertz que Richer ne se sert pas avant 919 d’un texte de Flodoard aujourd’hui perdu ? Pour l’affirmative, il faudrait avoir les deux textes et les comparer ensemble ; or, c’est ce que n’a pu faire M. Pertz. La question attend donc encore une solution… » Ajoutons qu’il ne suffit pas de dire que Richer s’est servi de l’Histoire de l’église de Reims pour résoudre la difficulté, car Richer est mieux renseigné qu’il ne pouvait l’être par cette histoire seule.
  2. Favre, Eudes, Appendice IV, pp. 231, 232. Guadet, éd. de Richer (Soc. de l’hist. de Fr.), t. I, p. xxvij. Kalckstein (Gesch. des französischen Königthums unter den ersten Capetingern, p. 474) estime que Richer a dû se servir, pour la partie de son ouvrage antérieure à 919, de « notices chronologiques,