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ce genre quand il a déjà l’habitude d’inscrire les faits mémorables survenus chaque année et qu’il veut marquer une année dans laquelle aucun événement politique saillant n’est survenu, mais qu’une œuvre annalistique aussi considérable et aussi sérieuse que celle de Flodoard commence sur un phénomène météorologique, n’y a-t-il pas là de quoi surprendre ?

Aucune œuvre historique ne s’arrête à cette date de 919. Les Annales d’Hincmar[1] finissent en 882, celles de Fulda en 901, celles de Saint-Vaast en 900, la chronique de Réginon a pour terme l’année 906. La raison qui a pu guider Flodoard dans le choix du point de départ des Annales nous échappe.

Wattenbach considère deux hypothèses comme également possibles :

1o Il y aurait eu, en tête des Annales, un ouvrage qui menait le récit des événements jusqu’en 919.

2o Le commencement des Annales aurait été perdu de bonne heure.

La première hypothèse a été émise par Wittich. Il y a été conduit par l’étude des premiers chapitres de Richer : « … le morceau qui précède, dit-il, ne s’écarte pas complètement de la vérité ; des événements certains lui servent de base. Malgré les altérations et les additions, on ne peut manquer d’y reconnaître les traces d’un ouvrage bien renseigné sur les événements de Lorraine. Et il semble presque que Flodoard, commençant à ce point, peut-être seulement par hasard, en ait formé la suite[2]. »

La seconde hypothèse n’est qu’une variante de celles de Gérard Voss et de Mabillon. Elle est directement opposée à celle que Pertz formule en ces termes : « Annalibus notitiam de obitu Karoli Calvi præmittit (sc. cod. lat. 5354)…, quæ tamen causa fuit quod viri plures abinde Flodoardum scribendi initium fecisse et

  1. Flodoard a connu ces annales dont il s’est servi au liv. II, ch. 19 et au liv. III, ch. 17 de l’Histoire de l’église de Reims (Mon. Germ. hist., Scr., XIII, 407).
  2. K. Wittich, Richer über die Herzoge Giselbert und Heinrich von Sachsen (Forschungen zur deutschen Gesch., III, 125) : « … der vorliegende Abschnitt entbehrt nicht völlig der Wahrheit, bestimmte Thatsachen liegen ihm zu Grunde trotz den Entstellungen, dem Hinzuerfundenen, lässt die Grundlage einer mit den lothringischen Verhältnissen wenigstens vertrauten Quelle sich nicht läugnen. Und fast sieht es so aus, als bildete der eben beginnende Flodoard, vieilleicht rein zufällig, davon die Fortsetzung. »