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Annales consistent en une suite de notes prises au fur et à mesure des événements, assez mal reliées entre elles, souvent obscures à cause de leur extrême concision[1], et que l’auteur a commencé à les prendre depuis le moment où il s’est intéressé à l’histoire.

Nous répondrons que Flodoard eût pu se souvenir d’événements antérieurs à 919, c’est-à-dire antérieurs à sa vingt-cinquième année, et il est étrange qu’il n’ait point eu l’idée de les noter. Il est encore plus singulier qu’un tel historien n’ait pas cherché, à l’aide des matériaux dont il disposait (l’Histoire de l’église de Reims montre qu’il n’en manquait pas), à rétablir au moins sommairement la suite des événements à partir de quelque date importante, à se rattacher à quelque œuvre historique antérieure, comme tant de chroniqueurs l’ont fait.

Aucun fait politique important ne marque l’année 919. Flodoard y note seulement une défaite infligée aux Bretons par les Normands et une invasion hongroise qui désole l’Italie, la Lorraine et une partie (non désignée) de la France. Sont-ce là, véritablement, des événements de nature à faire naître dans l’esprit d’un habitant de Reims l’idée d’écrire l’histoire ? Il est vrai de dire que Flodoard commence par enregistrer un phénomène météorologique observé à Reims, ce qu’il fait assez rarement au cours des Annales : « Cecidit Remis grando mirabilis, ovum gallinæ superans magnitudine, quæ vero distendebatur in latitudine, occupabat medium palmæ. Sed et grandior per alla quædam loca visa est cecidisse. » Le même phénomène est rapporté à la même année par les annalistes de Saint-Germain-des-Prés[2] et de Saint-Denis[3]. On comprend qu’un annaliste consigne un fait de

    advertere cœpit (sc. Flodoardus), — note 5 : ita fuisse conjicio, quum si non scribendis annalibus at certe enotandis rebus gestis circa annum 919 manum admovisse videatur — ut ex annalium initio, quos inde ab anno 919 usque ad annum 966 produxit, conjicere licet. » Mon. Germ. hist., Script., III, 363.

  1. Giesebrecht, Geschichte der deutschen Kaiserzeit (5e éd.), I, 779.
  2. Mon. Germ. hist., Script., IV, 3 : « 919. Tempore vespertino facta est tempestas valida, quæ non solum fruges ad nichilum redeit et arbores radicitus evulcit, sed et animalia et homines in locis quibusdam interfecit, cujus lapides tante ferebantur magnitudinis esse ut allquanti ova anserum sua magnitudine superarent. »
  3. Chron. S. Dion. ad cyclos paschales (éd. É. Berger, Bibl. de l’Éc. des ch., XL, 274) : « 919. XI kal. aug. tempore vespertino etc. (ut supra)… » Cf. Chron. S. Dion. recentius (ibid., p. 286).