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La simple lecture de ce paragraphe suffit pour convaincre que c’est un obit. En conséquence, « le livre de Faremoutiers, » d’où il a été tiré, ne peut être qu’un obituaire. Le paragraphe relatif à l’année 877 est, croyons-nous, une épave de l’ancien obituaire de Faremoutiers, épave qui nous a été conservée par un pur hasard.

Les vues émises par Pertz se trouvent ainsi justifiées.

Mais la suppression du paragraphe initial n’allait pas sans entraîner des conséquences. Pertz, ayant reconnu que c’était une addition postérieure, en a conclu qu’il n’y avait point de lacune en tête des Annales, comme on l’avait prétendu. L’erreur provenait uniquement, pensait-il, de ce que l’on considérait la mention relative à l’année 877 comme faisant partie intégrante de l’ouvrage de Flodoard. La fausseté de cette opinion une fois démontrée, il en a tiré la conclusion qu’il croyait nécessaire.

Cependant il est remarquable que, depuis Pertz, les anciens doutes relatifs à la lacune du début des Annales n’aient point disparu ; c’est que, vraisemblablement, des raisons autres que l’existence du paragraphe initial (a. 877), la mention de la chronique de Saint-Maurice d’Angers (a. 917) et le curieux titre du manuscrit de la bibliothèque Cottonienne militaient en faveur de l’ancienne théorie.

Voici comment s’exprime Wattenbach, le dernier en date des auteurs qui ont abordé cette question : « On ignore si le commencement des Annales est perdu ou s’il y avait un autre ouvrage placé en tête qui menait le récit des événements jusqu’en 919. Il ne serait pas impossible que le commencement eût été perdu de bonne heure, et, si l’on n’admet pas un récit s’étendant jusqu’à cet endroit, ce point de départ est vraiment incompréhensible[1]. »

Ainsi donc, Wattenbach maintient l’opinion qu’il avait exprimée dans sa première édition, malgré la critique qu’on en avait faite[2]. Il déclare ne pas comprendre pourquoi Flodoard a commencé ses Annales en 919.

Pertz dit que Flodoard eut l’idée d’écrire des Annales à vingt-cinq ans[3]. Les partisans de sa théorie allèguent que les

  1. Deutschlands Geschichtsquellen (6e éd., 1893), I, 410. Guadet, éd. de Richer (Soc. de l’hist. de Fr.), I, p. XXIX, avait exprimé des idées analogues.
  2. G. Monod, dans la Rev. crit., 1873, p. 298.
  3. « Circa quintum et vicesimum ætatis annum rebus publicis animum