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une mention relative à l’année 918. Mais la défaite des Bretons qui est, selon Vignier, le point initial des Annales, se rapporte à l’année 919 dans tous les manuscrits que nous connaissons. Le doute n’est donc pas possible. D’ailleurs, il est probable que nous possédons encore aujourd’hui le manuscrit découvert par Bégat. On sait, en effet, que le manuscrit « de Dijon, » dont Pithou s’est servi, se peut identifier avec le ms. H 151 de la bibliothèque de la Faculté de médecine de Montpellier[1]. Il est probable que le « Divionensis codex » de Pithou n’était autre que le manuscrit du président Bégat, qui habita Dijon toute sa vie. Or dans le ms. de Montpellier les Annales débutent en 919.

Depuis Nic. Vignier les éditions des Annales se sont succédé. Elles présentent toutes, sauf la dernière, une particularité qui semble infirmer ce que Vignier nous apprend du début des Annales. Elles renferment un paragraphe relatif à l’année 877, qu’on trouve dans certains manuscrits[2]. Pithou[3] et Duchesne[4] ont séparé ce paragraphe du suivant (année 919) par une série de points. D. Bouquet met à cet endroit une note ainsi conçue : « Hic est ingens lacuna, quæ a nullo codice ms. expletur[5]. » Il n’était pas le premier à soupçonner que les Annales ne nous étaient point parvenues dans leur intégrité. Mabillon, se fondant sur un passage de la chronique de Saint-Maurice d’Angers : « DCCCC XVII. Initium chronicæ Frodoardi[6], » avait admis que deux années des Annales nous manquaient : « Duobus annis mutilum est chronicon in editis[7]. »

Gérard Voss avait même été plus loin. Il avait prétendu qu’il existait une énorme lacune entre l’année 877 et l’année 919[8]. Son opinion a été adoptée par Casimir Oudin[9], D. Rivet dans l’Histoire littéraire[10], et enfin par D. Bouquet.

  1. C. Couderc, Essai de classement des manuscrits des Annales de Flodoard (Mélanges Julien Havet, p. 720).
  2. Dans tous les mss. que nous connaissons, sauf dans celui de Montpellier.
  3. Ann. et hist. Francor. Script. coaet. XII (Francfort, 1594), p. 109.
  4. Hist. Francor. Scr., II, 590.
  5. Histor. de Fr., VIII, 176 n. (b).
  6. Chron. des églises d’Anjou (Soc. de l’Hist. de Fr.), p. 8. Il se pourrait que DCCCCXVII fût une erreur pour DCCCLXXVII.
  7. Acta SS. ord. S. Bened., V, 331.
  8. De historicis latinis (Leyde, 1627), p. 325.
  9. Commentarius de Scriptoribus Ecclesiasticis (Leipzig, 1722), t. II, p. 446.
  10. Hist. litt., VI (1742), pp. 326, 327, suivie par Guizot, Coll. de Mém. relat.