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honorifique d’Albert Lecoy de la Marche se résume en peu de mots : elle a la modestie qui, la plupart du temps, accompagne le mérite scientifique ; après avoir obtenu le diplôme d’archiviste-paléographe le 28 janvier 1861, notre regretté confrère fut nommé archiviste du département de la Haute-Savoie, d’où il passa, trois ans plus tard, aux Archives de l’Empire : c’est dans ce vaste dépôt que la mort est venue l’atteindre comme sous-chef de la section historique.

« Après sa thèse, qui eut quelque retentissement, sur l’autorité de l’Histoire des Francs de Grégoire de Tours, Lecoy de la Marche débuta dans l’érudition, en 1863 (Bibliothèque de l’École des chartes), par une étude sur le testament d’Amédée III, comte de Genevois (en 1371), dans laquelle se manifeste nettement déjà l’une des tendances de l’esprit distingué de l’auteur : la recherche et l’interprétation des documents relatifs à l’histoire des arts en France. Et en effet, Lecoy de la Marche laisse, dans cet ordre d’idées, plusieurs publications solides et durables. C’est d’abord le recueil important qui a pour titre : Extraits des comptes et mémoriaux du roi René pour servir à l’histoire des arts au XVe siècle (1872, in-8o), utile complément des travaux du marquis de Laborde dans le même champ de recherches. Je citerai ensuite le volume intitulé : l’Académie de France à Rome (1874, in-8o), étude qui a pour base la correspondance des directeurs de ce séminaire des arts, fondé par Colbert et qui, depuis deux siècles, a donné à la France tant de grands artistes ; le petit volume sur les Sceaux (1889, in-8o), intéressant résumé des travaux modernes relatifs à la sigillographie du moyen âge. Enfin, les Manuscrits et la miniature (1884, in-8o) ; l’Art d’enluminer (1890, in-8o) ; la Peinture religieuse (1892, in-4o) ; le XIIIe siècle artistique (1889, in-4o) sont des essais qui, dans la pensée de l’auteur, devaient concourir à la composition d’un ouvrage considérable sur les mêmes matières.

« A côté de l’histoire des arts, la critique historique proprement dite attira aussi l’ardente activité de Lecoy de la Marche. Il édita et annota avec intelligence et avec un soin scrupuleux les Coutumes et péages de Sens, texte français du commencement du xiiie siècle (1866, in-8o) ; le Mystère de saint Bernard de Menthon (1888, in-8o) dans la collection publiée par les soins de la Société des anciens textes français ; les Œuvres complètes de Suger et les Anecdotes historiques d’Étienne de Bourbon, dans la collection de la Société de l’histoire de France. En même temps, comme une voix autorisée le rappelait tout à l’heure, ses fonctions administratives l’amenaient à terminer la grande publication de Huillard-Bréholles sur les Titres de la maison ducale de Bourbon. On lui doit aussi un texte, rapproché du français moderne, de la Vie de J.-C. composée au XVe siècle d’après Ludolphe le Chartreux (1870, in-4o).

« Dès 1868, Lecoy de la Marche s’était révélé, comme historien curieux et original, par la publication de son beau livre sur la Chaire