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qu’avait interrompue la mort de Huillard-Bréholles. Le tome II, qui parut en 1874 et qui est presque entièrement l’œuvre de Lecoy, tient une place honorable dans la collection d’inventaires imprimés sous l’administration de MM. de Laborde et Maury.

« Plus intéressante encore eût été la publication du premier volume de l’inventaire du Supplément du Trésor des chartes, s’il lui eût été donné de l’achever.

« Entré en 1882 dans la section historique, — dont il est devenu le sous-chef en 1892, après avoir été, pendant de longues années, le doyen des archivistes, — Lecoy de la Marche avait analysé le fonds de l’abbaye de Savigny et dressé le répertoire numérique d’une série importante, quand, sur la proposition de son chef, il fut chargé de dépouiller le Supplément du Trésor. Il en poursuivit l’étude et l’analyse pendant deux ans ; mais, à son vif regret, la maladie l’avait contraint, il y a quelques mois, de consacrer désormais ses efforts à une tâche moins ardue.

« Telles sont, rapidement énumérées, les principales des œuvres que Lecoy de la Marche accomplit ou commença pour les Archives nationales. Mais, plus encore peut-être que les très utiles inventaires qu’il nous a laissés, le souvenir de trente-deux années de communs labeurs dans l’hôtel Soubise y préservera sa mémoire de l’oubli ou de l’indifférence.

« Une existence qu’a remplie un travail incessant et qu’ennoblissait, en quelque sorte, la fermeté stoïque et silencieuse avec laquelle il acceptait, sans une plainte, les plus cruelles épreuves, méritait de notre part un suprême hommage, et je le rends tristement au nom de mes collègues. »


DISCOURS DE M. BABELON,
PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE L’ÉCOLE DES CHARTES.


« Messieurs,

« Depuis quelques mois, la mort frappe à coups redoublés dans les rangs de la Société de l’École des chartes, et rarement le pieux et touchant devoir d’accompagner un confrère à sa dernière demeure nous a été imposé avec une fréquence aussi douloureuse. Il y a peu de semaines, c’était l’un de nos doyens, Louis de Mas Latrie, à qui j’adressais l’adieu suprême ; peu auparavant, c’était Louis Courajod, l’ami et le contemporain d’Albert Lecoy de la Marche, l’un et l’autre emportés à peu près au même âge, dans la maturité du talent, au milieu d’une carrière scientifique des plus fécondes et qui se trouve prématurément fermée.

« Comme celle de Louis Courajod, la carrière administrative et