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il crut voir régner l’accord entre eux et les Français, ses haines de classe et ses haines de race se confondirent sous la direction d’un démagogue allemand, Guillaume de Juliers. Voilà, je crois, la vérité.

On reproche volontiers aux anciens élèves de l’École des chartes la sécheresse de leurs travaux. On veut que ces mosaïstes soient en même temps des peintres. En évitant le reproche, notre confrère a satisfait à cette exigence. Dans Philippe le Bel en Flandre, il n’est pas une allégation qui ne soit fondée sur un document contemporain des événements, et cependant le récit ne cesse d’être animé, le tableau coloré, l’intérêt soutenu. Le livre de M. Funck-Brentano rectifie bien des opinions fausses, conséquences de l’ignorance ou de la passion politique ; il apporte à l’histoire une foule de données nouvelles et il est, en outre, d’une lecture facile et même attachante. C’est une œuvre qui fait honneur à son auteur et à notre École des chartes.


Armand d’Herbomez.


Histoire du droit et des institutions de la France, par E. Glasson, membre de l’Institut, professeur à la Faculté de droit de Paris, professeur honoraire à l’École libre des sciences politiques. T. VII : la Féodalité (fin) ; le Droit civil. Paris, F. Pichon, 1896. In-8o, XXIV-699 pages.


M. Glasson a bien mérité de ceux qui s’intéressent à notre ancien droit en terminant, grâce à une persévérance et à un labeur dignes de louange, ce qui concerne la féodalité. Quatre volumes sur sept ont été remplis par ce sujet si vaste et si discuté ! Un tout entier a été réservé à l’étude du droit civil : le détail des matières qu’il renferme en prouvera l’importance.

Le premier chapitre : De la condition des personnes (clercs, nobles, vilains, roturiers, bourgeois, esclaves et serfs, lépreux, Juifs et Lombards, bâtards et légitimés, les mineurs, les femmes), doit être consulté par les historiens comme par les érudits. L’ordre suivi peut prêter à contestation : les femmes et les mineurs seraient mieux placés avant les lépreux, les Juifs et les Lombards. Sur les clercs, il y avait beaucoup à dire, et M. G. n’y a pas manqué. Les privilèges si enviés de la clergie, les preuves de la tonsure, la déchéance encourue par les clercs marchands, etc., sont bien expliqués d’après les coutumiers et les coutumes, mais la citation de quelques arrêts des cours de justice, du Parlement surtout, aurait mieux établi la jurisprudence, et il eût été facile d’en trouver. Il y a un rapprochement curieux qui s’impose : en défendant d’ordonner des prêtres sans son autorisation, Napoléon Ier imitait les rois des deux premières races et prétextait le même motif, le service militaire. La condition des esclaves et des serfs est très étudiée ; M. G. constate, — ce qui est malheureusement certain, — la persistance du