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Trésor des chartes des travaux considérables dont la trace se retrouve dans ses collections, aujourd’hui déposées à la Bibliothèque nationale.

Bien que cette fusion n’ait pas été effectuée ailleurs que sur le papier, les Sacs, tout en continuant à former une série distincte de celle des Layettes, restèrent conservés dans le même local et subirent les mêmes vicissitudes. Dans l’une comme dans l’autre, le désordre allait toujours en augmentant, et il n’y eut pas jusqu’aux travaux de dépouillement et d’inventaire entrepris sur l’initiative de Daguesseau, qui ne contribuassent à multiplier les causes de désorganisation. Le titre que portent encore aujourd’hui les cartons J 1035 à 1040 témoigne d’une négligence qui n’a pas été réparée depuis bientôt deux siècles : « Titres retirés des sacs du Trésor par M. Rousseau, auditeur des Comptes, l’un des commissaires pour la table des Registres du Trésor des chartes, et qui n’ont pas été replacés depuis sa mort en 1720. » Retirés postérieurement à la rédaction de l’inventaire de Dupuy, où j’ai retrouvé la mention de beaucoup d’entre eux, notamment dans les layettes aujourd’hui cotées J 404, 457, etc., ces documents faisaient, lors d’un récolement opéré en l’an IX, partie d’une série de « titres mêlés et déplacés à rétablir, » qui ne comptait pas moins de trente-un cartons.

De plus, le Trésor entier dut être déplacé. Depuis saint Louis, il occupait, dans un bâtiment dépendant de la Sainte-Chapelle, deux pièces superposées : « L’une, dit Piganiol de la Force, est couverte d’une voûte gothique et a servi autrefois de chapelle, ce qui paroissoit par un marchepied d’autel que Sauval dit avoir vu, sans parler des autres marques. Les croisées en sont grillées par de gros barreaux de fer et les murs couverts d’armoires et de layettes où se mettent les chartes et les registres… La chambre qui est au-dessus est couverte d’un comble de charpente et bordée d’un côté de tiroirs où peut-être il n’y a pas moins de titres que dans la première[1]. » Dans la pièce supérieure se trouvaient les Registres ; dans la seconde, les Layettes et les Sacs renfermant les chartes. En outre, un pêle-mêle de documents non classés encombrait l’une et l’autre. Aussi l’auteur du Mémoire anonyme déclarait-il tout travail de classement et

  1. Piganiol de la Force, Description de Paris, éd. de 1765, II, p. 30.