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jetées, à leur retour, sur la première table venue en attendant une réintégration rarement opérée. On ne tarda pas à sentir les inconvénients d’un pareil état de choses.

Durant le xviiie siècle, à une époque qu’il est difficile de déterminer, mais qui se place entre 1717 et 1776, l’auteur anonyme d’un Mémoire sur l’état du Thresor des Chartres et sur le travail qu’il serait nécessaire d’y faire[1] dit qu’il y avait alors « une immense quantité de pièces pour la pluspart originales et revêtues de leurs sceaux ; elles sont renfermées dans des armoires, dans des tiroirs et dans des malles dont on n’a jamais fait d’état ; elles sont par conséquent inutiles au Roy et au public, puisqu’elles sont ignorées[2]. » Pour remédier à cet état de choses, le même auteur proposait de les classer conformément à l’inventaire de Dupuy. « Il faudra, écrivait-il, diviser toutes ces pièces suivant les provinces auxquelles elles doivent appartenir, conformément au plan de MM. Godefroy et Dupuy, afin de pouvoir, par la suite, faire cadrer ce nouveau plan avec le premier[3]. » L’auteur du Mémoire, ignorant sans doute l’existence de l’État sommaire, allait jusqu’à s’imaginer que le défaut de temps avait seul empêché Dupuy de les inventorier[4].

Les idées qu’il exprimait pourraient bien avoir été le point de départ d’une tentative de refonte du Trésor des chartes restée jusqu’à présent tout à fait inconnue. Deux exemplaires de l’inventaire de Dupuy, identiques l’un à l’autre, tous deux d’une écriture qui les fait remonter à la première moitié du xviiie siècle, tous deux conservés dans les bureaux de la section historique (anciens JJ 584 et JJ 534-543), se distinguent des autres en ce qu’on a essayé d’y fondre les matières des Sacs avec celles des Layettes. Le fait que des emprunts à cette rédaction, intercalés dans des copies de la rédaction ordinaire, sont dits provenir de « l’exemplaire de M. le procureur général, » me donne à croire que cette refonte aura sans doute été accomplie sous la direction du procureur général Joly de Fleury, qui fit entreprendre sur le

  1. Ce mémoire est conservé à plusieurs exemplaires parmi les papiers du secrétariat des Archives nationales.
  2. Mémoire cité fol. 1.
  3. Ibid., fol. 5.
  4. Ibid., fol. 2 vo.