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et demy-pourris et ordonner ceux qui estoient restez…[1]. » Dans cette opération du triage, il a pu se faire qu’outre les titres « gastez et demy-pourris, » des pièces n’aient pas trouvé leur place dans le nouveau classement ; que sont devenues ces pièces ? N’en rencontrerait-on pas un certain nombre dans le Supplément ?

D’ailleurs, les documents du Trésor des chartes étaient loin d’être au complet ; ceux que l’on avait dû consulter ou produire dans des contestations où se trouvaient engagés les intérêts du roi étaient bien rarement revenus prendre leur place à la Sainte-Chapelle. Après l’achèvement de l’inventaire de Dupuy, Mathieu Mole, qui avait eu l’initiative de cet utile travail, fit rapporter « dans le Trésor une grande quantité de papiers assez importans qui furent trouvez chez Monsieur le procureur général de la Guesle[2], et fallut employer beaucoup de temps pour les ordonner et mettre dans des sacs où furent mises les étiquettes, et c’est ce qui a rempli une partie de la grande armoire de quarante-deux guichets, et, quoy que l’inventaire exacte ne soit faite desdits sacs, les étiquettes peuvent servir de sommaire inventaire…[3]. » Avant de démontrer, comme j’espère le faire tout à l’heure, que le contenu de cette armoire a été le noyau du Supplément, je me bornerai à faire remarquer que Dupuy le mentionne avant ce qu’il rapporte des titres de Mercurol, c’est-à-dire à la place même que le Supplément occupe encore aujourd’hui dans le classement des Archives nationales.

D’autres titres du Trésor des chartes rentrèrent bientôt dans le chartrier royal, mais sans être l’objet d’aucune addition au grand inventaire de Dupuy ; ce furent ceux que Dupuy lui-même alla chercher en 1621, par l’ordre du roi, à Troyes, « sur l’avis que l’on eut du decez de M. François Pithou et qu’il avoit quelques papiers publics dont le Roy pourroit avoir besoin. Il en apporta quelques-uns qu’il mit entre les mains de Monsieur Mole, procureur général, qui luy en bailla une décharge[4]. »

  1. Dupuy, Traité des droits du Roy, éd. de 1655, p. 1013.
  2. C’était ce magistrat qui avait achevé de mettre le désordre dans le Trésor des chartes en obtenant la réunion de la charge de ce dépôt à celle de procureur général.
  3. Dupuy, Traité des droits du Roy, p. 1013-1014.
  4. Ibid., p. 1014. — François Pithou paraît en outre avoir rendu de son vivant certains papiers concernant les « limites de Picardie, » qui formaient