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Cependant l’armée anglaise, qui s’était mise en marche au début du mois de novembre 1359, avançait à travers l’Artois, la Picardie et le Vermandois. Froissart[1], d’accord avec Knighton[2], raconte que l’armée anglaise était divisée en trois corps, et donne des détails précieux qui témoignent du soin avec lequel l’expédition avait été préparée et son ravitaillement assuré. Ces trois corps, qui ne rencontrèrent nulle résistance, se rejoignirent à une petite localité située à dix lieues en avant de Reims[3] ; là, le 29 novembre, le roi d’Angleterre tint un grand conseil avec le duc de Lancaster et plusieurs seigneurs, et, le jour suivant, les trois corps, ayant repris chacun leur marche, se dirigèrent sur Reims.

Les habitants, sous la direction de Gaucher de Châtillon, avaient mis la dernière main à leurs préparatifs, et comme l’archevêque n’avait logé à Cormicy qu’une garnison insuffisante, dix hommes d’armes pour défendre la place comme le château, et une artillerie non moins insuffisante, ils se crurent forcés de suppléer à cette négligence et y envoyèrent vingt arbalétriers, de l’artillerie et plusieurs gens d’armes ; il paraît même que le prélat les remercia de leur aide[4].

Pendant ce temps, l’armée anglaise investissait la ville. Édouard III s’établit à l’abbaye de Saint-Basle[5] en partie détruite et qu’il quitta parfois pour la localité toute voisine de Verzy[6] ; le prince de Galles logea à Villedomange, les comtes de Richmond et de Northampton à l’abbaye de Saint-Thierry, le duc de Lancaster à Brimont, tandis que le maréchal d’Angleterre prenait quartier à Cernay-les-Reims, et Jean de Beauchamp à Bétheny.

Le cercle était fermé, mais non pas infranchissable, car, le 3 décembre, une lettre du régent était arrivée, encourageant les habitants de Reims à la résistance, et, de leur côté, ceux-ci purent, en réponse, adresser au prince un pressant appel[7].

  1. Éd. Luce, t. V, p. 199 et 399.
  2. Twysden, Rerum Anglicarum… scriptores X, t. II, col. 2621.
  3. Sans doute dans la direction de Berrieux (Aisne, arr. de Laon, cant. de Craonne) ou d’Amifontaine (Aisne, arr. de Laon, cant. de Neufchâtel).
  4. Bibl. nat., Collection de Champagne, vol. 150, pièce 28.
  5. Marne, arr. de Reims, cant. et comm. de Verzy.
  6. Des lettres de quittance d’une partie de la rançon de David Bruce sont datées par Édouard III de Virizy, 1er janvier 1360 (n. st.). — Rymer, Fœdera, éd. 1825, t. III, pars i, p. 453.
  7. D. Marlot, Histoire de la ville, cité et université de Reims, t. IV, p. 84.