Page:Bibliothèque de l’École des chartes - 1895 - tome 56.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.

intéressé au sort du comte de Roucy, son cousin, se mit à la tête d’une expédition qui avait pour but de reprendre Sissonne et le château de Roucy[1] ; avec lui partirent le comte de Porcien, des gens d’armes du Laonnais, du Rethélois, ceux-ci sous les ordres de Watier des Marès[2], et une partie de la garnison de Reims sous le commandement de Gaucher de Châtillon. Sissonne tomba entre leurs mains aux environs du 1er juillet. Ils se rendirent alors devant Roucy. Après vingt-huit jours de siège, la place, qui était forte, fut emportée et les défenseurs massacrés[3]. On était convenu d’attaquer ensuite Pont-Arcy ; mais sans doute content du résultat obtenu, puisqu’il avait remis son bien à son parent, l’archevêque « fist bouter les feus en ses hayons » et s’en retourna à Cormicy[4], sans plus se soucier de ses ouailles horriblement inquiètes de rester isolées dans le voisinage des garnisons anglaises de Vailly et de Pont-Arcy[5].

Les projets d’Édouard III n’étaient pas secrets. Dès le 10 juillet, le régent prévenait les habitants de Reims du danger qui les menaçait[6], et ceux-ci, empressés à faire leur devoir, attaquaient et mettaient à mort les partisans qui pillaient autour de Reims amis et ennemis, sacrifiaient les maisons qui gênaient les travaux de défense[7]. Ils obtinrent même que l’archevêque leur donnât la garde de son château de la porte de Mars[8], et bien que l’importance de cette concession fût diminuée par ce fait que Gaucher de Châtillon avait élevé des remparts entre la ville et le château qu’il isolait ainsi[9], c’était évidemment une assurance de plus pour les habitants.

  1. Froissart, éd. Luce, t. V, p. liii, note 2, et Fragments inédits de la chronique de Jean de Noyal, publiés par A. Molinier ; Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France, année 1883, p. 258.
  2. Voir le traité d’alliance entre les villes de Reims et de Rethel dans Varin (Archives administratives de la ville de Reims, t. III, p. 123).
  3. Froissart, éd. Luce, t. V, p. 181 et 382. Le régent accorda aux habitants de Reims qui avaient repris Roucy le tiers des rançons que ceux du plat pays devaient aux ennemis (31 août 1359. Varin, Archives administratives de la ville de Reims, t. III, p. 144).
  4. Cormicy, Marne, arr. de Reims, cant. de Bourgogne.
  5. Bibl. nat., Collection de Champagne, vol. 150, pièce 28.
  6. D. Marlot, Histoire de la ville, cité et université de Reims, t. IV, p. 81, et Varin, Archives administratives de la ville de Reims, t. III, p. 141.
  7. D. Marlot, Histoire de la ville, cité et université de Reims, t. IV, p. 82, et Varin, Archives administratives de la ville de Reims, t. III, p. 139, 147, 152, 153, 160, 572 ; Archives législatives de la ville de Reims, t. II, p. 86.
  8. D. Marlot, op. cit., p. 83.
  9. Varin, Archives administratives de la ville de Reims, t. III, p. 136 à 139.