Page:Bibliothèque de l’École des chartes - 1895 - tome 56.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LE SIÈGE DE REIMS

1359-1360.


Séparateur



Le 30 octobre 1359, Édouard III débarqua à Calais pour se mettre à la tête d’une armée formidable[1]. La bataille de Poitiers lui avait livré le roi Jean ; la Jacquerie, l’odieuse révolte d’Étienne Marcel et de la populace parisienne à peine réprimées, montraient la faiblesse des éléments de résistance : le royaume était à la merci de lâches agitateurs qui n’hésitaient pas à sacrifier le pays à leur ambition personnelle. Aussi le moment était-il bien choisi pour donner le coup de grâce à la monarchie française ; c’est pourquoi Édouard III crut que le vrai moyen d’obtenir une solution très rapide était d’atteindre Reims, afin de s’y faire consacrer et de s’appuyer sur l’autorité conférée par l’onction traditionnelle de la Sainte-Ampoule, pour rallier autour de sa personne les révolutionnaires à qui l’asservissement de la France à l’Angleterre importait si peu.

Peut-être comptait-il sur la bonne volonté de l’archevêque de Reims, Jean de Craon. On racontait à Reims, parmi les bourgeois, que, lorsque le roi Jean avait mandé l’archevêque pour lui amener des troupes chargées de coopérer à la poursuite du prince de Galles, terminée si malheureusement à Poitiers, le prélat avait montré à plusieurs bonnes gens de la ville les lettres royales ; puis il avait dit que vraiment « les voies estoient mal rabotées, » et ajoutait que, malgré les recherches qu’il avait ordonnées dans les registres de la Chambre des comptes, il n’avait pas trouvé trace « que oncques arcevesques de Reins eust fait service à roy de France. » La malignité publique insinuait encore que les gens de l’archevêque vantaient la parenté de leur maître avec le roi

  1. J’ai résumé ce qui concernait le siège même de Reims, assez connu, en m’étendant sur deux épisodes de ce siège auxquels on n’avait prêté nulle attention.