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« Item, des biens temporelz de ce monde mortel que mon benoist Créateur m’a prestez, je ordonne le partage de mesditz enfants Charles et Philippe et Jehan… »

M. Ed. Jarry pense que le nom de Jehan est mis là par suite d’« une erreur du scribe[1]. » Il allègue surtout deux raisons. L’une, c’est que les biens de Louis d’Orléans sont partagés entre Charles et Philippe et que Jean n’a rien[2]. Un tel argument ne vaudrait que si, au lieu de trois paragraphes seulement, nous avions le testament complet et si nous pouvions nous assurer qu’en effet le duc n’avait rien donné à Jean dans les paragraphes aujourd’hui perdus. L’autre raison, c’est que, dans un mandement du 30 octobre 1399, rendu deux mois après la date du testament, il est question des femmes qui gardent Charles et Philippe et non pas de celles qui devaient garder Jean[3]. Cet argument nous paraît, comme le précédent, sans grande force. Les documents ne manquent pas, même postérieurement au 1er  mai 1400, où il est question de Charles et de Philippe sans qu’il soit rien dit de Jean. En la seule année 1402, nous en pouvons citer deux au moins[4]. Et cependant d’autres textes, de la même année, prouvent, nous l’avons vu, l’existence de Jean[5]. Pour avoir le droit de se prononcer dans le même sens que M. Jarry, il faudrait avoir tous les mandements, quittances, etc., relatifs aux femmes de la duchesse et de ses fils. Si même nous possédions le compte général de toutes les dépenses de 1399 où tous les actes particuliers de l’année financière étaient reportés[6], nous ne pourrions décider en toute certitude, car il arrivait souvent, par suite de négligences ou de retards de tous ordres, que ces actes ne figuraient dans l’état général des dépenses que deux, trois ou quatre années postérieurement à leur date propre[7]. Nous n’estimons donc pas avec M. Ed. Jarry[8] que le scribe, en écrivant le nom

  1. Op. cit., p. 231.
  2. Ibid.
  3. Ibid.
  4. Laborde, Preuves des ducs de Bourgogne, t. III, 5941 (Bibl. du Louvre, F 1453), du 20 février 1402, n. st. — Bibl. nat, Pièces originales, 2154, 4 (190), 288, du 22 octobre 1402.
  5. Textes cités, notes 6 et 7, supra, p. 524.
  6. Le ms. fr. 8815 de la Bibl. nat. est un compte de ce genre.
  7. Ibid.
  8. Op. cit., p. 231.