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composé « pour exciter un chacun à conformer sa vie et mœurs à l’exemple de ce vertueux prince[1] ; » c’est aussi afin de sauver Henri III. Dans la détresse de la France, « Sa Majesté avoit faict en personne divers voyages et pèlerinages pour invoquer les saints qui sont vénérés en diverses églises du Royaume, qui sembloient avoir faict la sourde oreille… » « Il ne restoit plus qu’à avoir recours au sainct tutélaire de la maison d’Angoulesme[2], » le comte Jean. Enfin, ce qui décida vraiment du Port à retracer les hauts faits de son héros, ce fut la lecture de l’enquête de canonisation du prince[3], faite de 1518 à 1519[4]. L’ouvrage du sieur des Rosiers est donc une hagiographie.

La qualité des sources où a puisé l’auteur ne nous autorise pas à accorder beaucoup plus d’estime à son livre. Il a recours presque exclusivement[5] à des sources narratives[6] ou à des livres

  1. Éd. Castaigne, p. 100.
  2. Ibid., p. xiii.
  3. Ibid., p. xvi, xvii, xxvi, xxvii. J. du Port eut connaissance de cette enquête par l’évêque d’Angoulême, Charles de Bony (ibid., p. xxvi : cf. Pouillé historique du diocèse d’Angoulême, par M. l’abbé J. Nanglard…, 1894. Angoulême, in-8o, vii-633 pages, t. I, p. 61-62).
  4. J. du Port, éd. Castaigne, citée, p. xvii : « l’Inquisition qui fut faicte par defunct Anthoine d’Estaing, evesque d’Angoulesme, en l’année 1518. » — Cf. Missive d’Anthoine d’Estaing… à… Madame la duchesse d’Angoulmoys…, mère du roy, ibid., p. xx. «… il y a environ 52 ans que ledict seigneur [Jean, comte d’Angoulême] est trespassé…, » écrit l’évêque à Louise de Savoie en l’informant qu’il vient d’achever l’enquête de canonisation. Comme Jean d’Angoulême mourut le 30 avril 1467 (voy. Journal de son enterrement, édit. Senemaud. Paris, Aubry, 1863, in-8o, xiij-25 p.), cinquante-deux ans plus tard nous reporte au temps écoulé du 1er mai 1518 au 30 avril 1519. Cent vingt-huit témoins furent entendus pour cette « Inquisition » (édit. Castaigne, p. xxi, etc.).
  5. J. du Port a connu en effet : 1o le testament du comte que lui avait communiqué Charles de Bony ; il l’a publié in extenso (p. 82-91) ; 2o une confirmation de ce testament par la comtesse (p. 91) ; 3o le cartel des princes d’Orléans au duc de Bourgogne, dont le texte est fort altéré (cf. p. 18-19 et note) ; 4o une lettre du comte à l’abbé de la Couronne (p. 61-62) ; 5o une épître dédicatoire d’Odo de Fouillaco, précepteur du comte, à son élève (p. 63). — De ces cinq documents, les trois premiers seuls sont datés du jour et de l’année ; le quatrième du jour seulement, et le cinquième a été mal daté par du Port. — Quant à l’enquête de canonisation, du Port n’a pu y trouver une bien grande précision chronologique (cf. p. 63 et suiv.). — Il cite la session 39 du concile de Bâle : il a consulté en effet le Secundus tomus concilior. general. (Paris, in-fol., 1524, fol. ccxx vo et ccxxj ro).
  6. Les chroniques auxquelles recourt J. du Port sont au nombre de deux seulement : 1o Monstrelet (p. 10, 14, 16, 21 de l’édit. de Castaigne) ; 2o le pré-