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émotion profonde qu’accroîtrait encore, s’il était possible, le souvenir toujours présent de pertes récentes ; mais que dire du deuil qui s’est abattu sur ce foyer, si heureux naguère et maintenant désolé ! Je m’incline avec la plus respectueuse sympathie devant la douleur de la famille de notre cher et regretté collègue. Comme elle, nous garderons pieusement sa mémoire. Tandis que sa digne et courageuse compagne retracera devant son fils les enseignements que lègue une vie remplie tout entière par le travail, les pures joies familiales et le scrupuleux accomplissement de tous les devoirs, nous, messieurs, de notre côté, nous recommanderons aux continuateurs des tâches administratives de Bonnassieux le louable exemple de vertus professionnelles qu’il a donné pendant le cours de vingt années laborieusement et utilement consacrées au service des Archives et des érudits. »


discours de m. giry
président de la société de l’école des chartes


« Messieurs,

« La Société de l’École des chartes, si souvent et si cruellement éprouvée déjà, doit un témoignage de reconnaissance à son ancien secrétaire, un suprême adieu à l’excellent confrère, un dernier hommage à l’érudit consciencieux et sûr que fut Pierre Bonnassieux.

« Je n’ai pas à revenir sur sa carrière, qu’une voix autorisée entre toutes vient de retracer ici ; mais je voudrais montrer le vide que cette tombe, si prématurément ouverte, a creusé parmi nous ; je voudrais dire quelle estime, quel souvenir ému garderont de notre confrère tous ceux qui ont pu l’apprécier.

« Je l’ai connu il y a vingt-sept ans sur les bancs de notre École, où je le précédais de deux années ; je l’ai retrouvé plus tard aux Archives nationales, où nous fûmes quelque temps collègues ; ici et là, je lui dois ce témoignage qu’il s’était acquis les sympathies de tous.

« Le camarade doux et modeste, l’élève laborieux, réfléchi, discipliné, d’esprit un peu timide mais indépendant, dont les opinions se formaient peu à peu par l’étude patiente et attentive des faits, devint tout naturellement le fonctionnaire scrupuleux, l’archiviste modèle dont on vient de faire l’éloge.

« Comme beaucoup d’entre nous, il prit pour sujet de son premier travail, de sa thèse de sortie, un épisode de l’histoire de sa province, faisant ainsi à la petite patrie l’hommage de la première application des méthodes enseignées à l’École. Originaire de la région lyonnaise, quoique né à Paris, il entreprit de raconter comment l’ancienne métropole des Gaules était rentrée définitivement au xive siècle dans le giron de la patrie française. Cette étude sur la Réunion de Lyon à la France, publiée en 1876, lui valut une première fois les suffrages de l’Académie