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galères, croisera sur la côte ; mais songez aussi aux Turcs qui pillent Négrepont… et les colonies vénitiennes. » Cette lettre devait être suivie de plusieurs autres[1].

Philippe VI suivit aveuglément les prescriptions de Sanudo. Une fois de plus, la diplomatie vénitienne détournait les Français de Jérusalem et les jetait sur la route de Byzance. Pourtant Philippe de Valois savait, par la triste expérience de son père, ce que coûtait la coopération de la République[2] ! Par ordre du roi[3], une escadre française fut donc détachée la flotte préparée pour la Terre-Sainte et se tint en partance pour la Romanie (1334). Forte de quatre galères, elle devait être renforcée par quatre galères du pape, dix galères de Venise, dix de l’Ordre des Hospitaliers, six du roi de Chypre et peut-être six de l’empereur de Constantinople. La flotte devait croiser contre les Turcs pendant cinq mois selon la convention d’Avignon (8 mars 1334)[4], pendant six mois, de mai à octobre, selon la requête de Venise[5].

Jean de Chepoy, chevalier du Beauvaisis, qui avait déjà fait la campagne de Romanie sous les ordres de son père, Thibault de Chepoy (1306-1310)[6], reçut le commandement de l’escadre française (7 avril 1334)[7] et de l’escadre pontificale (19 mai 1334)[8]. Ses instructions datent du 30 mai ; ses bâtiments devaient avoir leur solde à Naples[9]. Le rendez-vous général de la flotte était fixé au mois de mai dans un port de Négrepont, l’ancienne Eubée.

Jusqu’ici les historiens ont fait les récits les plus contradictoires de cette expédition navale qui marque un recul de l’invasion

  1. Lettres de Marino Sanudo au roi de France de décembre 1333, du 1er juillet, de septembre et du 13 octobre 1334. Cf. Kunstmann, p. 799-808.
  2. M. L. de Mas-Latrie, ouvr. cité, p. 26 et suiv.
  3. Lettre de Philippe VI au doge de Venise, Poissy, 3 novembre 1333, publiée par M. L. de Mas-Latrie, ouvr. cité, p. 101.
  4. M. L. de Mas-Latrie, ouvr. cité, p. 104.
  5. Ibid., p. 109.
  6. « A Monsieur Jehan de Cepoy, filz dudit Messire Thibaut, quant il s’en ala après son père en Rommenie, vic l. t. » Collection Baluze, vol. 394, pièce 696 : Mises et despens pour le voiage de Constantinople [1306-1310]. — Chepoix, Oise, arr. de Beauvais, cant. de Breteuil.
  7. P. Anselme, Hist. généalog., II, 901.
  8. Raynaldi, Annales ecclesiastici, ann. 1334, n. X. — Reg. vatic. 117, fol. 302 vo, à l’Archivio secreto du Vatican.
  9. Reg. vatic. 117, fol. 303 vo.