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destinées à mettre hors de doute que ce tribunal extraordinaire offrait un caractère exclusivement religieux, sans intervention officielle du Parlement, et que la sentence prononcée par ces juges eut par suite un caractère purement théologique.

Cette démonstration a-t-elle bien besoin de se produire sous une forme aussi consciencieuse ? En effet, il ne paraît pas que cette opinion ait jamais été combattue par qui que ce soit d’autorisé, et les historiens de Jeanne d’Arc ou de son époque n’ont jamais prétendu autre chose. Quicherat (t. V, p. 471-473), Vallet de Viriville (t. II, p. 61-62), M. de Beaucourt (t. II, p. 210-211), M. Wallon (liv. II, 1), M. Marius Sepet (liv. I, 3), M. Ledain, qui a consacré de récentes études au séjour de Jeanne d’Arc à Poitiers[1], concordent tous sur ce point. Pour clore le débat, si même il y avait lieu de l’engager sur ce point, l’auteur aurait pu se contenter d’invoquer d’aussi unanimes et aussi décisives interprétations.

C’est à un passage de la lettre bien connue adressée par Perceval de Boulainvilliers au duc de Milan, en date du 21 juin 1429, qu’il faut attribuer, prouve M. Raguenet de Saint-Albin (VI, p. 26-36), la tradition erronée et persistante recueillie par Antoine Astesan, puis par le Mistère du siège d’Orléans, et d’après laquelle la direction des interrogatoires de Poitiers aurait été réservée au seul Parlement. Mais, si cette thèse a recruté quelques adeptes dans ce que l’auteur appelle la « littérature johannique » (p. 22 et 38), elle n’a jamais effleuré qui que ce soit de sérieusement informé de l’histoire et de la vie de la libératrice de la France.

On aurait toutefois mauvaise grâce à critiquer outre mesure sur cette question préjudicielle l’auteur de ce simple opuscule, qui a seulement manifesté l’intention, dit-il lui-même (p. 46), sans prétention à la nouveauté, de réfuter une erreur qui pourrait se multiplier dans certains milieux de vulgarisation sans contrôle, au grand dommage de la réalité historique.


Germain Lefèvre-Pontalis.


Archives de l’Hôtel-Dieu de Paris (1157-1300), publiées par Léon Brièle, avec Notice, appendice et table par Ernest Coyecque. Paris, Imprimerie nationale, 1894. In-4o, LXI-633 pages.


Le titre sous lequel l’ancien archiviste de l’Assistance publique avait entrepris ce recueil, il y a plus de quinze ans, ne nous semble pas très

  1. Bélisaire Ledain, Jeanne d’Arc à Poitiers. Saint-Maixent, 1891, in-8o, 15 p. (Extrait de la Revue poitevine et saintongeaise, t. VIII, mars 1891, p. 66-67.) — Examen d’une brochure de M. l’abbé Denizeau, intitulée : Jeanne d’Arc à Poitiers, dans Revue poitevine et saintongeaise, t. VIII, mai 1891, p. 149-154.