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qu’il est, on ne saurait plus à quelle époque précise le lieu natal de Jeanne d’Arc, c’est-à-dire la section nord de Domremy et tout ou partie du village de Greux, serait devenue partie intégrante du domaine royal français. On aurait pu croire que ce territoire avait été compris dans l’échange de la seigneurie de Vaucouleurs, faite par Jean de Joinville, seigneur dudit lieu, à Philippe VI de Valois, en 1335, acquisition déclarée indissolublement unie à la cour par une ordonnance de 1365[1]. Un curieux texte, tout dernièrement signalé aux archives municipales de Vaucouleurs même, — intercalé dans une série de pièces de procédure en date de 1620 et de 1702, — par M. Chévelle, maire de Vaucouleurs, fait voir que cette assertion ne serait plus exacte[2]. Ce document n’est autre que le procès-verbal même de prise de possession du territoire ainsi cédé par Jean de Joinville au roi de France, procès-verbal dressé en 1341, peu après la cession, pièce dont M. Siméon Luce regrettait profondément et loyalement de n’avoir pu retrouver trace[3]. Or, ce procès-verbal[4], qui contient l’énumération des villages composant ladite seigneurie, ne porte pas trace de Domremy ni de Greux[5].

On ignorerait donc, — jusqu’à découverte d’un texte ou d’un fait plus explicatif, — quand et par suite de quelles circonstances une partie du territoire de Domremy, ainsi que Greux, aurait pu passer au domaine français[6].

  1. Ibid., id., p. XX-XXIII, et Preuves, VI, p. 7-9.
  2. C. Chévelle, Estat et compte de l’eschange faict entre le roy Philippe et messire Jean de Joinville, seigneur de Vaucouleurs, 1341. Bar-le-Duc, Contant-Laguerre, 1891, in-8o, 24 p. (Extrait de l’Annuaire du département de la Meuse, année 1891, 3e partie, p. 1 à 22.) Texte analysé dès 1890, dans son Étude sur Domremy, par M. Chapellier, qui en avait reçu communication en 1887.
  3. Jeanne d’Arc à Domremy, Preuves, VI, p. 8, n. 3. — Depuis, M. Siméon Luce a pu analyser cet acte intéressant dans une dernière étude : Jeanne d’Arc, son lieu natal et ses premières années, d’après des découvertes récentes. (La France pendant la guerre de Cent ans, première série, p. 261-291. Extrait du Correspondant du 25 juillet 1889.)
  4. L’acte d’échange, en date du 15 août 1335, a été publié par M. Siméon Luce (Jeanne d’Arc à Domremy, Preuves, VI, p. 7-9). — Le procès-verbal de prisée des biens cédés par Philippe VI (ville de Méry-sur-Seine), paraissant daté du 4 octobre 1337, cité par Siméon Luce (loc. cit., p. 8, n. 3), a été vu en 1886 à Paris, à la librairie Techener, par M. Chapellier (Étude sur Domremy, p. 13-14). — Le procès-verbal de prisée des biens cédés par Jean de Joinville (châtellenie de Vaucouleurs), en exécution de lettres du 10 juin 1341, est le document publié par M. Chévelle.
  5. Voir la teneur de l’acte précité.
  6. Il convient de rappeler ici que le sentiment public de la majeure partie des habitants de Domremy est favorable au rattachement entier du village à la Lorraine au temps de Jeanne d’Arc. C’est ce qu’établit une note de M. l’abbé Durand, curé de Domremy, en date du 19 mai 1850, publiée par M. Lepage