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vrai (en négligeant les textes contemporains du procès dont il a été parlé[1]) qu’en 1460, une décision de l’élection de Langres délimitait minutieusement la section de Domremy directement comprise dans le royaume de France, ainsi que celle appartenant à la châtellenie de Gondrecourt et au duché de Bar, et que cette délimitation officielle se basait sur le même repère que la répartition résultant de l’aveu de 1334, repère traditionnel qui paraît être demeuré identique et intact[2]. Il n’en est pas moins vrai qu’en 1481, et depuis, sans interruption, à ce qu’il semble, jusqu’en 1571, le nom de Domremy et celui de Greux figurent sur les registres de l’élection française de Langres[3]. Ces faits établis, il peut être parfaitement exact qu’en 1730, voire même en 1603, des procès privés constatent plus ou moins le rattachement de Domremy tout entier à la Lorraine[4], qu’en 1611 et en 1586, l’enregistrement des actes passés à Domremy s’opère à Gondrecourt, qu’en 1580 Domremy soit représenté aux États de Lorraine[5]. Tous ces derniers arguments seraient en effet de date postérieure au concordat de 1571, conclu entre le duc de Lorraine et le roi de France, acte sur lequel M. Vallet de Viriville, dans plusieurs de ses études, a particulièrement insisté, en exagérant peut-être quelque peu son importance en ce qui concerne cette question délicate[6]. Encore trouve-t-on Domremy et Greux figurant sur les registres de l’élection de Langres ou de Chaumont[7], après ce concordat, en 1572, 1576 et 1584[8], et, à cette dernière date encore, classés tous

    à la suite du précédent. Cf. Testament de Jean de Bourlemont, en date d’octobre 1399, cité et publié par M. Siméon Luce, loc. cit., Preuves, XIII, p. 16-21.

  1. Interrogatoire, anoblissement et exemption, cités ci-dessus, p. 159, n. 3, 4, 5.
  2. Acte de 1460 et 1461, cité et publié par M. Lepage en 1852, dans sa première Dissertation ; réédité dans Chapellier, Étude sur Domremy, dans Siméon Luce, loc. cit., Suppl. aux Preuves, XXXIX, p. 349-354.
  3. Actes de 1481 à 1572, cités et publiés par M. Lepage lui-même dans sa seconde Dissertation.
  4. Acte de 1603, cité et publié par M. Lepage, en 1852, dans sa première Dissertation. — Acte de 1730, cité et publié par M. Chapellier, en 1889, dans Sous René d’Anjou, Domremy (voir ci-dessus, p. 162, n. 3). Tous deux analysés et discutés dans la récente Étude sur Domremy, du même auteur.
  5. Actes de 1586 et 1611, cités et publiés par M. Lepage, en 1855, dans sa seconde Dissertation. — Acte de 1580, cité par M. Lepage en 1852, dans sa première Dissertation.
  6. Principalement dans une Analyse de la première Dissertation de M. Lepage et de la première Réponse de M. Renard, en 1852, dans Atheneum français du 10 juin 1854 (année 1854, p. 528). Cf. Privilège de Domremy-la-Pucelle, dans Bulletin de la Société d’Histoire de France, juin 1854 (année 1854, p. 103-112).
  7. Les différents auteurs qui ont traité les détails de cette question se sont-ils suffisamment rendu compte qu’en 1574 une élection avait été établie à Chaumont ?
  8. Actes cités et publiés par M. Lepage, dans sa seconde Dissertation.