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M. Wallon[1], l’enquête plus récente de Siméon Luce[2], ont établi qu’à ce moment du XVe siècle, le groupe d’habitations connu sous le nom global de Domremy se trouvait scindé en deux sections inégales. L’une, la plus considérable, dépendait alors, par la châtellenie de Gondrecourt, du Barrois mouvant. L’autre, la moindre, avec tout ou partie du village de Greux, limitrophe et tout voisin, relevait, par le bailliage de Chaumont-en-Bassigny, du territoire directement français. Le cours d’un ruisseau, affluent de la Meuse, aurait servi de limite et strié ainsi le village entre Champagne et Barrois. En tout cas, c’est dans cette seconde section de Domremy, la section strictement française, que se trouvait située l’habitation de Jacques d’Arc et d’Isabelle Romée, père et mère de Jeanne, habitation où la libératrice de la France vint au monde, comme on le croit, le 6 janvier 1412.

Entre autres arguments, — qui feraient double emploi avec ceux qu’on se verra obligé d’énumérer tout à l’heure, à l’occasion d’un second aspect de la question, — il existe un certain nombre de témoignages, contre lesquels rien ne peut prévaloir, et qui mettent cette thèse au-dessus de toute discussion. Le texte officiel de l’interrogatoire auquel Jeanne d’Arc fut soumise à Rouen (no 4 des 70 articles de l’interrogatoire définitif, séance du mercredi 28 mars 1431[3]) ; — le texte officiel des lettres d’anoblissement de la famille d’Arc, en date de décembre 1429[4] ; — le texte officiel de la décharge d’impôts accordée aux habitants de Domremy et de Greux, en date du 31 juillet 1429[5], contiennent tous trois l’indéniable et administrative mention que le lieu natal de la Pucelle dépendait du bailliage français de Chaumont-en-Bassigny, et, ajoute l’un d’eux[6], d’une des prévôtés de ce bailliage, de la prévôté d’Andelot. Témoignages prépondérants, que l’ouvrage de M. l’abbé Georges aurait gagné à distinguer plus nettement des autres, en insistant sur ce fait, dont il paraît négliger la mention, à savoir que ces trois documents signalent expressément, et non pas seulement par déduction, le rattachement légal de Domremy, ou tout au moins d’une de ses sections, au bailliage français de Chaumont.

Est-il vraiment besoin, devant de tels arguments, d’énumérer les

  1. Wallon, Jeanne d’Arc, t. I, app. IX.
  2. Siméon Luce, Jeanne d’Arc à Domremy, Intr., chap. I et II.
  3. Quicherat, Procès de Jeanne d’Arc, t. I, p. 208-209 : « … Nutrita in juventute… in villa de Dompremi super fluvium Mosæ, diocesis Tullensis, in balliviatu de Chaumont-en-Bassigny, et præpositura d’Andelo. »
  4. Ibid., t. V, p. 150-153 : « … de Dompremeyo, de ballivia Calvimontis seu ejus ressortis. »
  5. Ibid., t. V, p. 137-139 : « … des ville et villaige de Greux et Domremy, oudit bailliaige de Chaumont-en-Bassigny. »
  6. Ci-dessus, n. 3.