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des idées toutes faites que l’éducation moderne impose aux hommes cultivés, et la précision minutieuse de ses travaux ne faisait point tort au développement de son esprit. Il avait toutes les qualités d’un historien ; il eut à peine le temps de les montrer. Son œuvre imprimée se réduit à peu près à un compte-rendu détaillé du livre de Henri Baudrillart sur les Populations agricoles de la France[1], où il critique vivement la méthode ou plutôt le manque de méthode de l’auteur, et indique avec netteté le plan qu’il aurait fallu suivre ; — à deux chapitres de l’Histoire générale, rédigés en collaboration avec M. Giry[2] ; — enfin à l’étude approfondie d’une institution anglaise, l’Abjuratio regni, application atténuée du droit d’asile, dont il est déjà question dans les textes du xiie siècle, et qui ne fut abolie qu’en 1623[3]. — Quant aux cours qui furent professés par André Réville, sur l’histoire des classes laborieuses en Occident depuis l’époque romaine jusqu’à la Révolution française, il ne nous en reste malheureusement que les plans. Du moins, les quatre conférences qu’il fit à Genève sur les Paysans au moyen âge, et qu’il avait rédigées entièrement, pourront-elles être publiées et donner une idée de l’étendue de son information, de l’excellence de sa méthode.

Les amis d’André Réville ne pensent pas non plus qu’il leur soit permis de laisser inédite la thèse qu’il fit à l’École des chartes (250 pages de texte manuscrit, environ 700 pages de pièces justificatives). Le soulèvement de 1381, comme l’expliquait l’auteur dans son Introduction, est un des grands événements de ce temps-là ; c’est la manifestation spontanée de l’état moral et des besoins sociaux du peuple anglais à cette époque ; or, Pauli, Green, Stubbs et les autres historiens qui s’en sont occupés n’ont guère puisé qu’aux sources narratives et se sont contentés de décrire la révolte de Londres, les gestes et la mort de Wat Tyler ; quant à Rogers, dans son Histoire de l’agriculture en Angleterre, il n’a fait que noter les causes économiques du mouvement. Restait donc à exploiter les sources diplomatiques, et particulièrement les documents d’ordre judiciaire, à compléter les indications de

  1. Revue internationale de sociologie, février 1894. — Signalons pour mémoire un compte-rendu de la publication des Chartes des libertés anglaises, par M. Bémont(Bibl. de l’École des chartes, LIII, 459).
  2. T. II, ch. viii.
  3. Revue historique, t. L, p. 1-42. — Cette étude était faite en partie d’après des documents inédits recueillis au Record Office.