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pelles carrées alternent avec des absidioles autour du déambulatoire ; or, c’est le cas de la cathédrale de Tolède, et Street[1] a fort bien remarqué le rapport qu’elle présente avec le plan imaginé par Villard de Honnecourt et Pierre de Corbie[2]. S’il est presque certain que le premier n’a pas été à Tolède, rien ne prouve que le second n’y ait pas travaillé[3]. Qui sait même si l’architecte de la cathédrale de Tolède, Petrus Petri, mort en 1290[4], n’était pas Pierre de Corbie ? La similitude d’un dessin de l’Album[5] avec un motif des stalles de Lausanne est signalée, mais les stalles du château de Chillon, qui sont plus anciennes, en présentent davantage.

Dans l’année qui suivit la publication de Darcel, M. Alcibiade Wilbert, ayant opéré des fouilles sur l’emplacement du déambulatoire de Vaucelles, reconnut des fondations concordant avec le tracé donné par Villard et publia au sujet de cette concordance un article et un plan fort intéressants, où l’on peut seulement regretter que tous les renseignements fournis par les ruines n’aient pas été utilisés[6].

En même temps, M. P. Bénard, avec autant de sagacité d’érudit que de science d’architecte, établissait la conformité des élévations extérieure et intérieure du chœur de la collégiale de Saint-Quentin avec les études faites par Villard d’après la cathé-

  1. Gothic architecture in Spain. Londres, Murray, 1865, p. 424. Selon M. Givelet, dans son Histoire et description du Mont-Notre-Dame (Limé, 1893, in-8o, pl. VII), cette église, voisine de Braisne et appartenant au style de transition, aurait offert la même disposition, mais son plan restitué ne concorde pas avec l’ancienne vue, donnée à la pl. VI.
  2. Pl. XXVIII ; cf. Street, ouvr. cité, pl. XIV.
  3. La cathédrale de Tolède fut commencée en 1226 (Gams, Series episcoporum, p. 17) et terminée seulement au XVIe siècle. Voir Street, p. 233.
  4. Cette idée n’est pas venue à Street, mais rien n’empêcherait que ce Pierre, désigné dans son épitaphe, à la cathédrale de Tolède, par le nom de son père, Pierre, l’ait été d’autres fois par le nom de sa patrie, Corbie, et si, vers 1230, il a débuté dans ses études avec Villard de Honnecourt, il a pu vivre jusqu’en 1290. Ceci n’est, bien entendu, qu’une hypothèse, mais elle vaut autant sinon plus que beaucoup de celles qui ont été émises au sujet des architectes du moyen âge.
  5. Pl. XXVII.
  6. Mém. de la Société d’émulation de Cambrai, t. XXVIII, 2e partie : Substructions de la seconde église de Vaucelles, érigée au XIIIe siècle sur les plans et sous la direction de Villard de Honnecourt, article accompagné de 2 planches.