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JEAN MESCHINOT


SA VIE ET SES ŒUVRES


SES SATIRES CONTRE LOUIS XI.


Meschinot est aujourd’hui bien oublié, mais pendant tout un siècle il brilla, on peut le dire, au grand soleil de la gloire littéraire. Il eut plus d’éditions que Villon, environ une trentaine. Mentionné avec éloge par tous les critiques et tous les bibliographes du xvie siècle, son nom a eu la rare fortune d’être en quelque sorte consacré et porté à la postérité par un vers pittoresque de Clément Marot, qui, dans son épigramme à Hugues Salel, énumérant les cités et les provinces d’où étaient venus les meilleurs poètes français, inscrit dans cette liste en lieu d’honneur la patrie de Meschinot :

Nantes la Brette en Meschinot se bagne[1].

La vogue, on pourrait même dire la gloire de Meschinot ne fut définitivement emportée que par la révolution malherbienne, qui jeta aux gémonies toutes les vieilles illustrations poétiques de la France, en particulier tout le moyen âge.

Malgré cette chute, un succès aussi éclatant, aussi prolongé que celui de Meschinot mérite qu’on en recherche la cause, qu’on essaie de déterminer la véritable physionomie du poète, le véritable caractère de ses œuvres.

Nous allons examiner la biographie de Meschinot, écartant les erreurs dont on l’a trop longtemps encombrée, essayant, sinon

  1. Et non pas : « Nantes la Brette, où Meschinot se baigne, » comme l’écrit M. Levot dans la Biographie bretonne (II, p. 469), réduisant toute la gloire de Meschinot à s’être baigné à Nantes.