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Édouard du Bois, qui, par son père Henri du Bois, l’un des familiers de Philippe de Valois[1], avait des traditions de loyalisme et de courage, appartenait à une famille fixée dans le pays[2], issue de Hugues Cholet, comte de Roucy ; l’un des fils de Hugues Cholet, nommé Hugues comme son père, avait eu dans sa part d’héritage la Ville-aux-Bois-lez-Pontavert[3] dont ses descendants échangèrent au xve siècle le nom contre celui, tombé en quenouille, de leurs aïeux. Un autre gentilhomme partage avec Édouard du Bois l’honneur d’avoir tenu tête aux Anglais : c’est Guy de Cheppes, d’une petite famille du voisinage[4].

Le 30 décembre, au matin, la garnison de Cernay aperçut les Anglais à une lieue environ de la place. Rien, en effet, dans les monotones plaines ondulées de la Champagne, n’arrête la vue : pas un buisson, pas un arbre. Les Anglais avancèrent aussi près qu’ils purent de Cernay ; leur chef, le duc de Lancaster, mit pied à terre afin d’examiner la profondeur des fossés. Quand sa troupe le vit à pied, elle fit comme lui, puis se jeta à l’assaut, paraît-il, sans attendre ses ordres. Au premier choc, le premier fossé, le second ensuite furent traversés et l’attaque des murailles commença. Elle fut très vive et les Anglais y perdirent le sire de Mussidan, qu’une pierre reçue sur son bassinet, qu’elle défonça, blessa si grièvement que, ramassé par ses gens, ce Gascon mourut aussitôt. Cette perte anima les assaillants, parmi lesquels les plus acharnés étaient les compatriotes du sire de Mussidan, ardents à venger leur chef ; la résistance fut opiniâtre, et Froissart reconnaît qu’il en coûta cher aux Anglais pour s’emparer des murs ; de même, Knighton constate que c’est avec les

  1. Cf. la Trahison de Jean de Vervins, Bibliothèque de l’École des chartes, année 1892, t. LIII, p. 608.
  2. Il possédait avec ses sœurs le village de Termes (Ardennes, arr. de Vouziers, cant. de Grandpré), et paya de l’incendie de Termes sa fidélité au régent.
  3. Aisne, arr. de Laon, cant. de Neufchâtel. Il était aussi seigneur de Thony, hameau aujourd’hui détruit, dont l’emplacement est sur le territoire de la commune de Pontavert.
  4. Froissart (éd. Luce, t. V, p. 213) donne ses armes : d’or à une croix ancrée de sable. Douët d’Arcq (Archives de l’Empire, collection de sceaux, t. II, p. 71, no  3561) décrit le sceau du même personnage : une croix ancrée chargée de cinq besants, et son nom est Guiot de Sainte-Marie-sous-Bourcq (Ardennes, arr. et cant. de Vouziers), seigneur de Cheppes. Les seigneurs qui, au xvie siècle, succédèrent à la famille de ce personnage portèrent avec une légère variante les armes que Froissart lui attribue : d’or à la croix ancrée de sable chargée en cœur d’un losange du premier (Dr H. Vincent, les Inscriptions anciennes de l’arrondissement de Vouziers, p. 378).