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« Hélas, qui le sait mieux que nous, Français ? Voilà 70 ans que nous poursuivons dans notre patrie l’édifice de notre liberté, et jamais nous n’avons pu obtenir du temps la consécration de nos efforts. Quand nous croyons avoir bâti, un vent se lève sur notre ouvrage et nous fait des ruines qui étonnent tous les témoins de nos tragiques mécomptes. » — Lacordaire.




« Attaqués dans notre honneur, à la face de la France, il nous est impossible de ne pas répondre.

« Nous avons prêté serment au gouvernement impérial sans arrière pensée. Mais est-ce que le serment d’un député aurait pour effet de le forcer à approuver toutes les mesures, bonnes ou mauvaises, du gouvernement ?

« Dans ce cas, à quoi servirait le Corps Législatif ?

« Le député n’est pas un fonctionnaire. Ce n’est pas une fonction qu’il exerce, c’est une mission qu’il remplit, la plus haute et la plus libre.

« Son serment est chose sacrée ; mais c’est précisément là ce qui l’oblige à n’écouter que la voix de sa conscience dans l’appréciation des actes du gouvernement.

« Ce n’est pas à nous à décider si, en frappant trois députés d’un blâme public, M. le ministre de l’intérieur n’a pas atteint la chambre entière. Nos honorables collègues sont juges de la dignité de notre corps. Nous nous bornons à protester contre l’accusation dont nous sommes l’objet, d’un côté parce qu’elle est injuste ; de l’autre, parceque nous ne reconnaissons pas à M. le ministre de l’intérieur le droit de nous l’adresser.

« Nous apprécions comme nous devons l’insinuation du rapport qui tendrait à nous faire donner notre démission. Il serait trop commode de se débarrasser des députés opposés à telle ou telle mesure, en les sommant de s’adresser de nouveau à leurs électeurs. » — Vicomte Anatole Lemercier, L. de Culverville, E. Keller.