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chaux, si vous n’étiez point déjà en déconfiture.

Vous avez été maire de votre ville natale. Comme tel, vous êtes accusateur, il est vrai, devant le tribunal de votre souveraine, mais vous êtes accusé devant le tribunal bien autrement influent et redoutable de l’opinion publique.

Je suis bien aise d’avoir fait votre rencontre, et que vous ayez répondu à une lettre ferme mais polie par des sarcasmes de mauvais aloi. En 1853, un commissaire d’écoles était devenu le bijou de nos ultra-démocrates, parce qu’il s’était fait suisse ; je combattis pour la bonne cause, et non-seulement je reçus des félicitations de plusieurs parties du pays, et de feu l’honorable D. B. Viger en particulier ; mais quand je me présentai au lever du Nonce Apostolique, le cardinal Cajetan Bedini aujourd’hui, je fus accablé de complimens par un prélat éminent entre ceux qui fesaient cour à Son Excellence. Il n’est sans doute pas malaisé d’opter entre de pareilles approbations et celles d’hommes pour qui les Garibaldi, les Gavazzi sont des oracles. Burinez, si vous l’osez, leur apothéose sur le socle, mais laissez-nous en paix. Je me tairai aussi, moi, mais quand j’aurai tout dit !

Je suis plus que jamais déterminé à résister aux obsessions de démocrates fanatisés, dont j’irai dérouler le portrait parmi les peintures de Paul de Kock, qui, dans ce petit tableau de Paris qu’il a si singulièrement intitulé Chipolata, met en scène un personnage qui « n’aime que la république, vante les vertus de ce bon monsieur de Robespierre, assure que la France était parfaitement heureuse sous la terreur, ne parle que de liberté, ne demande que des libertés, et s’emporte, se met en fureur, voudrait écraser tous ceux qui ne sont pas de son avis, toujours par suite de son ardent amour de la liberté, — sentiment qui, chez la plupart de nos plus fougueux réformateurs, peut se traduire par ces mots : Je veux que le monde ait la liberté de faire tout ce que je voudrai ! »

Sans doute, nos romans modernes sont des mauvais livres, mais ils renferment cependant un grand enseignement : il n’en est pas un où on ne voie combien les peuples qui se disent les plus avancés sont intolé-