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cause, parce qu’on s’occupe toujours de le réformer, tandis qu’à Rome on ne veut pas entendre parler de réformes. Citez-moi donc les réformes organiques qui ont été faites en France depuis douze ans, terme fatal que vous indiquez à la Papauté. Vous insinuez que Bonaparte est un prince amateur de réformes ; il n’est rien moins que cela. Il ne faut, pour s’en convaincre, que se rappeler ce qui a été fait après que le Siècle eut perdu son procès contre le redoutable évêque d’Orléans, les poursuites contre le pamphlet d’Aumale, la saisie de l’ouvrage inédit de M. de Broglie, et la violence qu’il a voulu faire à l’ouverture des tribunaux d’Orléans, en prétendant, contrairement à la loi, empêcher l’évêque d’être prié. Le clergé a, au contraire, assisté, mais les corps qui n’appartiennent point au barreau se sont alors abstenus par ordre du gouvernement.

« Nous nous sommes fait, dit le député David du Gers, une grande idée de la perfection de notre code civil ; mais sa rédaction pressée a laissé nécessairement beaucoup de taches. Ceux qui les relisent encore sont étonnés aujourd’hui des exposés et des discussions superficielles qui l’ont précédé. La compilation se faisait à une époque de transition opportune et après d’instructives expériences. Mais les innovations de détails que le code renferme ont presque toutes été malheureuses. Il ne faut ni exulter l’œuvre, ni la déprécier ; ce qui nous ôte d’ailleurs le droit de blâmer, c’est que nous sommes demeurés quarante ans sans y rien changer ou ajouter.

« Notre code s’est fait à une époque où la philosophie du droit n’avait pas fait les progrès qu’ont vus ces derniers temps, On ne lisait guères Cujas au xviiième siècle : on en eut encore moins le temps au commencement de celui-ci, et l’école historique n’a pas eu de peine à démontrer la futilité ou l’erreur de nos connaissances juridiques. »

Au demeurant, la cour romaine fait aussi bien de mûrir ses projets de lois comme faisaient L’Hôpital, Daguesseau, Pussort et Talon, et de s’en tenir à la maxime du droit romain : male facere et non facere, idem est, car on ne parvient pas toujours