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lité : ses élections, son théâtre et sa justice. En Canada même, il n’y a un public au palais que dans les procès obscènes. Je conviens, du reste, que la justice publique est la seule qui soit au niveau moral d’un peuple chez qui un mari joué demande des dommages et intérêts !

Vous n’avez pas avancé que Rome fût la terre des faux sermons ; je vous devance en disant que l’Angleterre est la terre classique du parjure. Jérémie Bentham dit qu’un Anglais jure vingt-quatre fois le jour. Il mentionne les sermons de douane, les sermens universitaires et académiques, le serment d’allégeance. On voit des membres du parlement jurer qu’ils sont qualifiés sans l’être en effet. Blackstone nous parle du misericordious perjury, au moyen duquel un jury fait acquitter un coupable. À l’occasion du débat entre MM. Nelson et Papineau, nous avons vu autant d’affidavits d’un côté que de l’autre, et cependant la vérité n’a pu être des deux côtés à la fois !

Et ce procès par jury, qu’en dirons-nous ? — Voici ce qu’en disait, en 1789, Garat aîné :

« Je suis maintenant M. Duport dans les développements particuliers des motifs qui, selon lui, pour une meilleure administration de la justice, nécessitent l’institution de ses jurés.

« Tout jugement, dit M. Duport, se forme de deux opérations de l’esprit : d’abord, de la détermination du fait litigieux ; et ensuite, de l’application de la loi à ce fait, préalablement déterminé.

« Bientôt M. Duport lui-même le formera de trois opérations de l’esprit. Cependant, comme il m’est facile de concevoir que deux propositions, liées entre elles par des rapports intimes, peuvent aisément se réduire à une seule, je conviendrai ici avec M. Duport qu’un jugement peut aussi se former des deux opérations de l’esprit qu’il retrace.

« Mais pourquoi ne pas charger dans cet ordre successif les mêmes hommes de loi des deux opérations, lorsque, sous peine de les livrer à l’arbitraire de l’esprit, c’est aux principes positifs de la loi qu’il appartient de les régler l’une et l’autre ? Pourquoi, dans les jugemens des tribunaux, vouloir séparer ces deux opé-